Bettencourt : la charge des accusés

Me Thierry Herzog, le conseil de Nicolas Sarkozy, fait partie des douze avocats qui ont saisi le procureur de Bordeaux.
Me Thierry Herzog, le conseil de Nicolas Sarkozy, fait partie des douze avocats qui ont saisi le procureur de Bordeaux. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
Les conseils des mis en cause dans l'affaire dénoncent la proximité entre Gentil et une experte.

L'info. "Un doute sur l'impartialité objective de l'instruction". Voilà ce que dénoncent les douze avocats de sept mis en examen dans l'affaire Bettencourt après les révélations du Parisien jeudi sur les relations entre le juge Gentil, chargé de l'instruction du dossier, et l'une des experts médicaux. Ils ont saisi le parquet de Bordeaux pour des faits qu'ils considèrent d'une "exceptionnelle gravité", rapporte le Journal du Dimanche.

L'acte de mariage du juge Gentil. Dans un courrier adressé à Claude Laplaud, le procureur de Bordeaux, les avocats écrivent que "compte tenu des liens personnels qui existeraient entre le magistrat instructeur et cet expert, de nature à faire naître un doute sur l'impartialité objective de l'instruction, il est essentiel au respect des droits de la défense que vous nous fassiez délivrer d'urgence l'extrait intégral de l'acte de mariage de Monsieur et Madame Jean-Michel Gentil, célébré le 30 juin 2007 à Mérignac." Jeudi, Le Parisien avait en effet révélé que l'un des médecins nommés pour mener l'expertise sur l'état de faiblesse de Liliane Bettencourt était la meilleure amie de l'épouse du juge Gentil.

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Un dépassement d'honoraire illégal ? Les avocats s'étonnent également que le juge Gentil n'ait pas avisé le parquet avant d'accorder à l'experte, Sophie Gromb, un dépassement d'honoraire. "L'article R107 du code de procédure pénale oblige les juges, quand un expert sollicite un dépassement d'honoraire, d'en alerter le procureur au préalable" ajoute-t-il, or, d'après eux, "il n'y a aucune trace d'une telle demande au dossier".

"Pas d'instruction sans cette expertise". Ils s'interrogent en outre sur le montant des honoraires touchés par Sophie Gromb, qui seraient "le double, voire le triple" de ceux des quatre autres experts qui avaient été désignés pour examiner Liliane Bettencourt à son domicile, le 7 juin 2011. Pour eux, "sans cette expertise d'août 2011, effectuée en moins d'une heure et demie, il n'y aurait pas eu d'instruction pour abus de faiblesse". "Découvrir aujourd'hui que l'experte principale qui passe trente minutes seule avec le juge Gentil dans la chambre de Mme Bettencourt est une intime du magistrat et que cela ait été caché n'est en rien anodin", affirment les douze conseils.