Bébé de Corrèze : "des retards importants"

Les parents du bébé retrouvé nu, sale et déshydraté dans le coffre de la voiture de sa mère ont été mis en examen.
Les parents du bébé retrouvé nu, sale et déshydraté dans le coffre de la voiture de sa mère ont été mis en examen. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul , modifié à
La fillette retrouvée dans le coffre de la voiture de sa mère devra surmonter d'importants traumatismes.

Sa découverte a provoqué l’effroi. La fillette âgée de 15 à 23 mois, retrouvée nue, sale et déshydratée dans le coffre de la voiture de sa mère, le 28 octobre dernier en Dordogne, est désormais "hors de danger". Ses parents, originaire de Corrèze, ont été mis en examen pour "privation de soins par ascendant, violence habituelle sur mineur et dissimulation". Mais la situation de la fillette, hospitalisée à Brive, suscite de nombreuses interrogations. Europe1.fr a contacté une spécialiste en psychopathologie pour tenter d’y répondre.

Y a-t-il des précédents ? Si l’enquête démontrait que le bébé a vécu reclus depuis sa naissance dans le coffre de la voiture de sa mère, "ce serait une première", assure Hélène Romano, auteure du livre L’enfant face au traumatisme. "Il n’y a pas de recul en la matière pour connaître les conséquences précises que cette maltraitance aura sur cette enfant", prévient la docteur en psychopathologie. "Sa naissance s’est faite quand le garagiste a ouvert le coffre", précise cette spécialiste.

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Des retards de développement. Toutefois, la fillette, qui ne parle pas, présente "des retards importants, sur plusieurs plans", notamment "de la taille, du poids, et des capacités ne correspondant pas à un âge d'entre 15 et 23 mois", avait expliqué peu Jean-Pierre Lafitte, procureur de la République de Brive, au lendemain de la découverte. Physiquement, "les bébés présentant ce type de retard de croissance saturo-pondérale peuvent devenir des enfants chétifs", explique Hélène Romano.

Des séquelles traumatiques. Sur le plan psychologique," l’expérience montre en outre que les enfants très carencés après avoir connu des conditions d’isolement similaires, sur des périodes ne dépassant pas sept mois, gardent d’importantes traces traumatiques", souligne Hélène Romano. "Ils peuvent ainsi être terrorisés par la lumière, avoir peur de l’eau, des bruits inhabituels ou de ce qui tombe du ciel. L’absence de stimulation au niveau émotionnel entraîne également des séquelles au niveau neurologique", poursuit la psychothérapeute.

Hélène Romano, docteur en psychopathologie

© Capture écran You Tube

"Une mère, mais pas de maman". "Un enfant a besoin d’un adulte qui prend soin de lui pour le sécuriser et l’aider à grandir. Sans cet adulte, l’enfant meurt psychiquement", souligne Hélène Romano. "La fillette retrouvée en Dordogne présente donc un très grave retard au niveau des interactions a avec l’adulte. Il lui faudra donc un temps d’adaptation considérable pour effacer ce traumatisme. Elle a peut-être eu une mère, mais elle n’a pas eu de maman", précise Hélène Romano.

Le choix du prénom, une étape primordiale. "Le choix du prénom va être extrêmement important car il va permettre à cet enfant de s’inscrire dans la communauté humaine", avertit Hélène Romano Avant d’ajouter : "ce qui est important, c’est l’attention qu’on porte à l’enfant. Qu’il comprenne qu’on a pris soin de lui et qu’on  a beaucoup réfléchi avant de choisir son prénom".  Ce prénom, qui accompagnera son inscription à l’état civil dans les semaines qui viennent par le ministère public, pourrait être choisi par les services de l’aide sociale à l’enfance.

Et ensuite? Actuellement hospitalisée en pédiatrie au Centre hospitalier de Brive-la-Gaillarde, l’enfant sera ensuite placée dans une pouponnière, une structure d’accueil à temps plein pour les enfants de moins de trois ans. Plus tard, quand l’enfant sera en âge d’aller à l’école, et suivant les résultats de l’instruction actuellement en cours, qui permettra de déterminer le rôle exact joué par chacun des parents des cette histoire, l’enfant pourrait être placé dans une famille d’accueil. Mais, prévient d’emblée le docteur Romano, "prendre en charge un bébé traumatisé, c’est très compliqué. Cela demande beaucoup d’abnégation, de patience et de force morale".  

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