Bactérie tueuse : comment l'identifier ?

Le concombre espagnol espagnol ne serait pas à l'origine de l'épidémie.
Le concombre espagnol espagnol ne serait pas à l'origine de l'épidémie. © MAXPPP
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avec Isabelle Ory et agences , modifié à
Alors que plusieurs cas suspects ont été détectés en France, Europe1.fr fait le point.

Une forme virulente d'infection bactérienne, imputée dans un premier temps à des concombres espagnols, a fait 16 morts en Europe dont 15 en Allemagne et une femme en Suède. En France, quatre cas suspects ont déjà été identifiés et deux autres cas sont en cours d'examen. Une cellule de crise a été activée mercredi en France pour surveiller l'évolution de la contamination bactérienne.

En tout, plus de 1.500 cas confirmés ou suspects ont été signalés dans le monde, jusqu'aux Etats-Unis. Tous les malades ont apparemment transité par l'Allemagne. Les recherches ont dû reprendre à zéro mercredi sur l'origine de la bactérie mortelle, des tests prouvant que les concombres n'étaient pas le vecteur de l'infection. Dans la soirée, la Commission européenne a d'ailleurs levé l'alerte aux concombres espagnols.

Que sait-on de la bactérie incriminée ? Elle est connue sous le type de bactérie à E.coli producteurs de shiga-toxines (STEC). Ces bactéries peuvent venir de plusieurs sources : les aliments contaminés -ce qui est la piste privilégiée, l'eau souillée ou la transmission soit via un animal contaminé ou ses déjections, soit de personne à personne.

A-t-on identifié l'origine de la contamination ? L'incertitude règne sur l'origine de l'épidémie. Les autorités allemandes avaient d'abord pointé du doigts des concombres importés d'Espagne, mais les tests effectués sur ces concombres suspects n'ont pas révélé la présence de la bactérie incriminée. La bactérie peut être présente dans n'importe quelle source, alimentaire comme, notamment, l'eau de robinet, des saucisses ou des produits laitiers, a estimé Eric Poudelet, directeur de la sécurité alimentaire à la Direction générale de la santé et consommation de la Commission européenne.

Comment trouver l'aliment responsable ? Les chercheurs et les médecins doivent interroger tous les malades pour identifier l'aliment responsable de l'épidémie. Une fois l'aliment trouvé, il faudra remonter la filière chez les grossistes et dans les supermarchés pour mettre la main sur le produit exact qui porte cette bactérie. Par ailleurs, l'Institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques (BfR) a annoncé avoir développé un nouveau test, en coopération avec des chercheurs français de de l'Agence nationale de la sécurité sanitaire (Anses), pour détecter la bactérie dans les aliments.

Est-ce une épidémie courante ? Par son ampleur, il s'agit de l'une des plus importantes épidémies de STEC/syndrome hémolytique et urémique (SHU) jamais recensées à travers le monde et de la plus importante épidémie de ce type en Allemagne, selon le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (CEPCM), basé en Suède.

Qui est le plus exposé ? L’épidémie actuelle touche principalement des femmes adultes, ce qui est inhabituel selon les experts. "Alors que les cas de SHU sont habituellement observés chez des enfants de moins de cinq ans, cette épidémie touche à 87% des adultes, principalement les femmes (67% des cas)", précise le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (CEPCM) dans un communiqué.

"Pas une logique de contagion"

Quels sont les symptômes ? Les bactéries à E.coli producteurs de shiga-toxines (STEC) peuvent entraîner des manifestations cliniques variées comme la diarrhée banale ou sanglante. Cela peut évoluer vers une complication : le syndrome hémolytique et urémique (SHU). Ce syndrome affecte le sang, les reins et, dans les cas graves, le système nerveux central. Il nécessite une hospitalisation.

Faut-il craindre une épidémie en France ? Une cellule de crise a été activée mercredi en France pour surveiller l'évolution de la contamination bactérienne. Elle réunit l'Institut de veille sanitaire, la Direction générale de la santé, la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes. Le nombre de cas -quatre- suspects restait restreint. Deux autres cas étaient en cours d'examen. Leur n'était d'ailleurs pas jugé "inquiétant". Ces cas "importés" ont été détectés à Hénin-Beaumont dans le Nord, à Toulouse et à Bastia.

"Avoir un principe de précaution personnel"

Quelles sont les recommandations en France ? Elles concernent surtout les professionnels de santé. L'Institut national de veille sanitaire (inVS) recommande ainsi aux médecins hospitaliers ou libéraux ayant diagnostiqué une diarrhée sanglante ou un syndrome hémolytique et urémique (SHU) de les signaler à l'Agence régionale de santé de leur région. En cas de signes d'alerte, il est recommandé de faire des examens de santé.

Quelles sont les recommandations à l’étranger ? En Allemagne, les autorités sanitaires ont déconseillé à la population allemande de consommer des crudités. En Autriche, l'agence de sécurité sanitaire a ordonné le rappel des concombres, des tomates et des aubergines livrés par le producteur espagnol. Elle a précisé que 33 grands magasins autrichiens étaient affectés. En Russie, les autorités ont annoncé lundi après-midi l'interdiction des importations de légumes allemands et espagnols. A terme, Moscou pourrait même étendre cette mesure à l'ensemble de l'Europe.