A13 : au départ, ce n'était qu'un accrochage

C'est sur cette bretelle de l'autoroute A13 que s'était noué le drame qui a coûté la vie à Mohamed Laidouni.
C'est sur cette bretelle de l'autoroute A13 que s'était noué le drame qui a coûté la vie à Mohamed Laidouni. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul avec Chloé Triomphe et AFP , modifié à
Neuf personnes sont jugées après la mort d’un automobiliste en 2010 aux Mureaux.

L’INFO. Ce drame avait suscité l’effroi en 2010. Neuf jeunes hommes des Mureaux accusés d'avoir battu à mort un automobiliste sur l'autoroute A13 à la suite d'un banal accrochage, comparaissent à partir de lundi devant la cour d'assises des Yvelines. Ils encourent 30 ans de réclusion criminelle. Une jeune femme doit quant à elle répondre de violences volontaires et de non-assistance à personne en danger.

Un banal accrochage… Les faits remontent au 27 juin 2010. Une Renault Clio heurte, vers une heure du matin sur une bretelle d'accès qui mène à l'autoroute, la voiture d'une famille qui part en vacances. Les véhicules, légèrement éraflés, s'arrêtent sur la bande d'arrêt d'urgence. Rapidement, le ton monte. La conductrice de 20 ans à l'origine de l'accident refuse d'établir un constat amiable. Son passager, par téléphone, appelle alors des amis en renfort.

…qui dégénère en agression sauvage. Quelques minutes plus tard, une dizaine de personnes de la cité voisine des Musiciens, aux Mureaux, dans les Yvelines, arrivent sur les lieux. "Les agresseurs n'ont pas cherché à comprendre. 'Je vais vous tuer, je vais vous enterrer devant votre mère'", a hurlé l'un d'entre eux dès son arrivée sur place, selon le témoignage devant les enquêteurs de l'un des frères de la victime. Mohamed Laidouni, un imprimeur âgé de 30 ans, est violemment projeté contre une glissière de sécurité et roué de coups, notamment au visage, sous les yeux de sa mère, de ses frères et de sa femme.

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A l'arrivée de la police et des secours, la conductrice et ses amis prennent la fuite. Quatre membres de la famille agressée sont légèrement blessés. Mohamed Laidouni souffre lui de graves lésions cérébrales. Il succombera à ses blessures le lendemain. 

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Une volonté de tuer. Les auteurs présumés des faits, alors âgés de 19 à 24 ans, étaient pour la plupart déjà connus des services de police. Certains ont été interpellés peu après les faits, d'autres se sont livrés dans les jours qui ont suivi et l'un d'entre eux n'a été arrêté qu'en octobre 2010. L'accusation met en avant "la volonté d'homicide" des agresseurs présumés "qui reculaient de plusieurs mètres pour revenir frapper avec davantage de force la victime à terre".

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Déterminer le rôle de chacun. Mais les conseils des accusés soulignent que toute la difficulté pour la cour d'assises va être de déterminer les responsabilités de chacun. "Certains jeunes ont participé au meurtre, mais certainement pas tous et en particulier pas mon client. C'est pourquoi je vais plaider l'acquittement", indique Me Aurélien Barbaut.

Des débats qui s’annoncent tendus. Les parties civiles redoutent une ambiance particulièrement pesante au cours des débats. "Des pressions pourraient avoir été exercées sur des témoins", déplore Me Anastasia Pitchouguina, l'une des avocates de la famille Laidouni. "Les accusés ont été très peu coopératifs au cours de l'instruction. Ils minimisent leur rôle et ne reconnaissent avoir porté que quelques coups", ajoute-t-elle. Le verdict est attendu le 19 avril.