6 mois avec sursis requis contre le maire de Tignes

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Marion Sauveur avec Jean-Luc Boujon , modifié à
Olivier Zaragoza est poursuivi pour prise illégale d’intérêts après l'acquisition d'un terrain.

Un terrain de 4.000 mètres carrés acheté 80.000 euros et vendu 1,2 million d'euros, c'est ce qui vaut à Olivier Zaragoza d'être jugé depuis lundi. L'actuel maire de Tignes, en Savoie, comparaît devant le tribunal correctionnel d’Albertville pour prise illégale d’intérêts. Une peine de six mois de prison a été requise lundi soir.

Une amende de 40.000 euros ainsi que l'inéligibilité d'Olivier Zaragoza ont également été requises par le parquet. Le jugement a été mis en délibéré.

Et le terrain devient constructible

Olivier Zaragoza aurait acquis pour une bouchée de pain, en 2005, un terrain sur sa commune. Ses particularités ? Il était en pente et non constructible. Mais en Conseil municipal, Olivier Zaragoza a alors proposé une modification du Plan local d'urbanisme (PLU), pour le rendre constructible. Quelques mois plus tard, l'investisseur a revendu le fameux terrain à un promoteur pour quinze fois son prix de départ.

Mais ce placement financier a fortement déplu à son prédécesseur, Bernard Reymond. L'ancien maire de Tignes a alors porté plainte contre Olivier Zaragoza. Il estime, a-t-il expliqué au micro d'Europe 1, que le maire est "en train de mettre sa commune en coupe réglée pour s'enrichir. Il maquille l'opération en caractère sociale et il se fait livrer, dans des conditions là encore passibles de prise illégale d'intérêts, tout un étage de la promotion immobilière en magasin de sports, pour lui". En réponse, Olivier Zaragoza assure que Bernard Reymond est "aigri, frustré et jaloux".

Reste que depuis que l'actuel maire de Tignes a pris ses fonctions, il s'est considérablement enrichi. Propriétaire de deux restaurants au début de son mandat, il se retrouve aujourd'hui à la tête d'une vingtaine de sociétés immobilières, d'un magasin de sports et de plusieurs chalets.

"Il se sert du pouvoir du maire" :

Dans les couloirs du tribunal, adversaires et partisans du maire se sont affrontés lundi. "Il se sert vraiment de sa position de maire pour favoriser son business et les gens sont vraiment indignés (…) mais personne n’ose parler parce qu’il a des moyens de pression sur tout le monde", lance au micro d'Europe 1 Michel Richermoz, commerçant à Tignes qui a porté plainte. "C’est un homme d’affaires, c’est vrai, mais je préfère un homme d’affaires qui dirige la commune correctement", répond le premier adjoint au maire, René Bard.

"Il n'a pas hésité un seul instant à utiliser ses moyens électifs pour des délibérations personnelles", a déclaré de son côté Joséphine Scaramozzino, substitut du procureur d'Albertville.