15 minutes de dictée, sésame pour apprendre à lire

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Virginie Salmen et Fabienne Cosnay , modifié à
Des chercheurs ont passé au crible les méthodes d'enseignement de la lecture et de l'écriture en classe de CP.

C'est une étude d'une ampleur inédite sur l'enseignement de la lecture et de l'écriture au CP. Pour la première fois, des enseignants chercheurs sont allés observer des centaines d'élèves dans les classes pour voir comment ils réagissent face aux méthodes actuelles d'apprentissage. Les premiers enseignements de cette vaste enquête ont été rendus publics mercredi.

131 classes de CP passées au crible. L'enquête, dirigée par le spécialiste de l'enseignement de la lecture Roland Goigoux, a mobilisé pendant plus de trois ans 140 enquêteurs, dont une soixantaine d'enseignants-chercheurs. Ils ont décortiqué et filmé à trois moments différents pendant une semaine ce qui se passait dans 131 classes de CP scolarisant 2.507 élèves.

7h22 par semaine. Les écoliers consacrent 7h22 par semaine à la lecture et à l'écriture, déduction faite de tous les "temps morts" (appel pour la cantine, coller des photocopies dans les cahiers...). Cette moyenne masque des disparités : certains en font dix heures, d'autres cinq.

La dictée, ça paye. Le premier enseignement, c'est que la dictée est un exercice qui paye toujours. Si un(e) instit en fait faire 15 minutes par semaine à ses élèves, cela donne des progrès nets en lecture et en écriture. Pas besoin d'en faire faire pendant 25 minutes, cela n'apporte rien de plus.

Autre résultat tout à fait contre-intuitif : souvent, les instituteurs se disent, en début de CP, qu'ils ne vont pas aller trop vite dans les méthodes d'apprentissage de lecture et d'écriture pour ne pas "perdre" les élèves les plus faibles. C'est en fait une erreur.

Aller vite dès les premières semaines. Idéalement, il faut apprendre une quinzaine d'associations de lettres du type O+U = OU dans les neuf premières semaines du CP, c'est-à-dire avant la fin octobre. Si les enseignants ne vont pas assez vite, les élèves perdent le fil. Les chercheurs conseillent aux instituteurs de donner une vue d'ensemble de la construction de la langue à leurs élèves pour leur donner un maximum de repères.

Et simplifier. Enfin, il faut simplifier les textes qu'on fait lire aux enfants. Par exemple, si on travaille sur le son "ON", c'est mieux de proposer une phrase du type "Léon fait un rond sur le pont" plutôt qu'un texte plus élaboré où l'enfant sera perdu.

L'enquête "LireEcrireCP", initiée par l'Institut français de l'éducation (Ifé) et co-financée par le ministère de l'Education, ne cherche pas à départager les méthodes syllabique et globale d'apprentissage de la lecture. Il s'agit d'examiner ce qui se fait effectivement en classe en CP, pour identifier des pratiques favorables aux apprentissages.

Les premiers résultats de cette enquête seront présentés aux enseignants le 25 septembre, et les données recueillies vont continuer à être analysées en 2016 et 2017.