1/3 des bébés exposés au tabac in utero

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avec Anne Le Gall , modifié à
L’étude a été menée à partir des forums Internet dédiés à la grossesse. Une première en France.

Le débat sur les dangers du tabac sur les femmes enceintes risque de refaire surface. Une étude, rendue publique lundi, à l’initiative de l’association Droits des Non Fumeurs (DNF), conclut que trop de femmes sous-estiment les dangers du tabagisme durant la grossesse.

Plus de naissances prématurées

Après avoir répertorié pendant huit mois 1.500 messages de femmes enceintes sur les forums Internet dédiés à la grossesse, l’étude menée en 2008 révèle que 36 % des femmes enceintes ont débuté une grossesse sans avoir arrêté le tabac. 22 % fument encore lors du dernier trimestre et 56 % des femmes qui ont arrêté de fumer pendant la grossesse reprennent après l’accouchement.

Le rapport insiste par ailleurs sur les facteurs de risque du tabac sur la grossesse. "Outre les problèmes respiratoires (otites, bronchites) chez le jeune enfant, le tabagisme durant la grossesse pourrait entraîner la mort in utero, des naissances prématurées ou encore certaines malformations", explique le rapport.

Davantage de malformations

Interrogé par Europe 1, le gynécologue Jean-Louis Guillet est tout aussi alarmiste : "la plus importante conséquence, c’est que le nombre de fausses couches en tout début de grossesse augmente avec la consommation tabagique. Il existe aussi le risque d'un retard de croissance au début du troisième trimestre et qui, ensuite, s’aggrave énormément. A la naissance, les bébés de fumeuses, on les appelle des ‘bébés araignées’ car il ont des membres très longs et un thorax tout maigre, c’est une complication fréquente. Après, certaines malformations, comme le bec de lièvre, sont très augmentées. Et le risque pour les garçons de développer un cancer des testicules est plus élevé si la mère a fumé".

"Même avant la conception d’un enfant, la consommation du tabac modifie l’ADN et favorise les ovulations de mauvaise qualité ", souligne l’étude conduite avec la coopération du ministère de la Santé.

Un manque d’encadrement

Si le rapport se félicite de l’augmentation du nombre de professionnels de santé prenant en charge le tabagisme de la femme enceinte, il déplore un autre point : l’absence de poste dédié au sevrage tabagique pendant la grossesse dans chaque maternité de France. Bien que formées, certaines sages-femmes ne seraient pas en mesure d’assurer des consultations exclusivement dédiées au tabac.

L’étude soulève également un dysfonctionnement au niveau des médecins. Ces derniers ne sauraient pas prendre en charge le tabagisme de leurs patientes enceintes, et recommanderaient majoritairement à leur patiente de réduire leur consommation à quelques cigarettes, plutôt que d’arrêter.