Un poumon chez un poisson ? Un souvenir des temps anciens

Des poissons dans la mer (photo d'illustration).
Des poissons dans la mer (photo d'illustration). © Emily Irving-Swift / AFP
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CB avec AFP , modifié à
La présence d'un poumon chez des poissons d'eau profonde, les cœlacanthes, révèle la capacité d'adaptation de ces poissons légendaires vieux de 400 millions d'années.

Quelle étrangeté historique a permis l'existence de poissons dotés de poumon ? La présence d'un poumon chez des poissons d'eau profonde, les cœlacanthes, révèle la capacité d'adaptation de ces poissons légendaires vieux de 400 millions d'années. C'est la conclusion rendue publique mardi par la revue britannique Nature Communications.

Une espèce que l'on croyait éteinte. Jusqu'en 1938, on ne connaissait les cœlacanthes que sous une forme fossile, ce qui avait fait croire à leur disparition à la même époque que les dinosaures. Puis, un pêcheur sud-africain en a ramené un dans ses filets, un événement considéré alors comme l'une des plus grandes découvertes zoologiques du XXe siècle. Ces poissons y ont gagné le statut de "fossiles vivants" et depuis ils ne cessent de fasciner les chercheurs.

Un poumon qui n'est plus fonctionnel à l'âge adulte. "Nous avons pu confirmer la présence d'un poumon chez une des espèces vivantes du cœlacanthe et apportons la preuve du caractère commun entre ce poumon et le poumon calcifié des cœlacanthes fossilisés", a précisé Paulo Brito de l'Université fédérale de Rio de Janeiro, coauteur de l'étude.

Etudiant des dissections de spécimens adultes et des reconstitutions 3D des différents stades de développement du poumon, les chercheurs ont mis en évidence l'existence d'un poumon potentiellement fonctionnel et bien développé chez les embryons. Ensuite, la croissance du poumon est considérablement ralentie pour ne devenir finalement qu'un "vestige" chez les coelacanthes adultes.

Une mutation de survie. "Les formes fossiles des cœlacanthes, qui vivaient dans des eaux peu profondes, possédaient un poumon fonctionnel. Puis pendant l'ère mésozoïque, les coelacanthes se sont adaptés à l'eau profonde - où l'oxygène est fourni par les branchies - et pourraient avoir perdu la respiration pulmonaire, avec la réduction marquée de ce poumon" unique, explique Paulo Brito. Selon lui, cette adaptation à l'eau profonde peut expliquer la survie de l'espèce à une époque où de nombreux animaux dont les dinosaures ont disparu.
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