Thomas Pesquet va-t-il avoir des soucis de santé après son retour sur Terre ?

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Thomas Pesquet est suivi de près par une équipe médicale à Cologne, où se trouve l'Agence spatiale européenne. © AFP
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Laura Fernandez Rodriguez , modifié à
Avec 200 jours passés à bord de l'ISS au compteur, c'est comme si l'astronaute avait passé un scanner tous les seize jours...

L'astronaute Thomas Pesquet, âgé de 39 ans, est redescendu vendredi sur terre, dans les steppes du Kazakhstan à bord d'un vaisseau Soyouz.

Après 200 jours à bord de la Station spatiale internationale - il s'agit de la plus longue durée en continu pour un spationaute français ! - son corps a subi divers changements liés à l'apesanteur, suivis de près par une équipe médicale à Cologne, où se trouve le Centre européen des astronautes de l'Agence spatiale européenne (ESA), pour en limiter au maximum les effets lors du retour à la gravité. 

Le "mal de terre". "Quand ils reviennent ils ont le mal de terre, comme quelqu’un ayant navigué longtemps qui poserait le pied sur le quai. Tout tangue, tout bouge, il faut un temps de réadaptation", raconte Bernard Comet, consultant auprès de l’institut de Médecine et de Physiologie spatiales (Medes). "Il est ainsi monnaie courante de vomir après des vols de longue durée", rapporte cet ancien médecin spécialisé dans le suivi des astronautes qui a assisté à neuf atterrissages, et qui est aussi président du medical board de l’ESA.

Evanouissements. Avec le retour sur Terre et la gravité, tout le sang retourne dans les jambes, ce qui peut conduire à des syncopes, des vertiges et des évanouissements. Pour y remédier, les astronautes portent des pantalons "anti g" que les équipes médicales resserrent une fois qu'ils ont atterri. "On essaie de les laisser s’extraire tous seuls de leur capsule, mais la plupart du temps ils ont besoin d’une aide extérieure et ne tiennent pas sur leurs pattes ", confie Bernard Comet.

Douleurs musculaires. Les astronautes souffrent d'une perte de la masse musculaire au niveau des jambes et du tronc, faiblement sollicités dans l’espace et qui se relâchent. D’où des douleurs musculaires lors d’un retour sur Terre. "Très souvent, les astronautes se plaignent les premières nuits d’avoir des douleurs dans le dos qui les obligent à bouger, à se mettre sur le côté", détaille Bernard Comet.

Effets sur le cœur. Toujours à cause de l’apesanteur, les efforts sont moindres et conduisent à une légère atrophie cardiaque. Celle-ci "se résorbe en un petit mois", estime Bernard Comet.

Des os déminéralisés. En apesanteur, les os se détruisent à la même vitesse que sur terre mais ils ne se reconstruisent pas de la même manière, ce qui conduit à une déminéralisation osseuse. Les équipes médicales essaient de réduire significativement le taux de déminéralisation, qui peut augmenter le risque de fracture, en faisant faire des exercices spécifiques aux astronautes tout au long de leur séjour dans l’espace. 

L’os peut être assez long à récupérer, d’où l’importance pour l’astronaute de continuer à faire du sport. "Ils sont suivis régulièrement après leur retour sur terre pour s’assurer qu’ils récupèrent bien", raconte Bernard Comet.

Effets sur la vision. Dans l’espace, les astronautes sont également exposés à des radiations en quantité bien plus importantes que les habitants de la Terre. Bernard Comet estime que Thomas Pesquet a été exposé à environ 12 rem (rontgen equivalent man, une unité de mesure des radiations) lors de son séjour à bord de l’ISS. Soit l’équivalent d’un scanner tous les seize jours !

Les radiations peuvent avoir à long terme des effets sur la vision, avec un risque plus élevé de cataracte, même si les études sur la vision des astronautes sont rassurantes sur ce point. En revanche, certains présentent des scotomes, soit un point noir dans leur champ de vision. "On pense que plus d’un astronaute sur dix présente ce syndrome de façon significative", relève Bernard Comet. L’utilisation de manchettes de cuisses, mise au point par les Russes qui consiste à poser une espèce de garrot à la racine des cuisses pour empêcher le retour veineux, permettrait d’éviter ce phénomène qui peut être irréversible dans de rares cas.

Quelques centimètres de plus qui disparaîtront rapidement. En raison des effets de l’apesanteur sur la colonne vertébrale, Thomas Pesquet, qui mesure 1m83, a gagné quelques centimètres. Mais, prévient Bernard Comet, "il les reperdra dans les dix premières minutes  où il se remettra debout sur Terre".