Climat : les experts prévoient des vagues de "chaleur mortelle" de plus en plus fréquentes

Une rue de Phoenix (Arizona), le 20 juin 2017. 122 degrés Fahrenheit correspondent à environ 50 degrés Celsius.
Une rue de Phoenix (Arizona), le 20 juin 2017. 122 degrés Fahrenheit correspondent à environ 50 degrés Celsius. © Ralph Freso / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Anouk Helft
Selon une récente étude, les trois quarts de la population mondiale devront supporter des vagues de "chaleur mortelle" d'ici 2100 s'il n'y a pas de nouvelle politique climatique plus offensive.

67 départements sont actuellement placés en alerte canicule. Un phénomène ponctuel et passager ? Pas si sûr. En effet, selon une étude publiée lundi dans la revue Nature Climate Change, le réchauffement climatique serait peut-être bien plus avancé qu'on ne le croit... et surtout bien plus dangereux.

Près d'un individu sur trois dans le monde est même susceptible de subir une vague de "chaleur mortelle", d'après les chercheurs. En clair, on parle de "chaleur mortelle" lorsqu'un ensemble de paramètres météorologiques susceptibles d'entraîner la mort, directe ou non, sont réunis. La "chaleur mortelle" peut notamment provoquer une augmentation de la tension artérielle et du taux de cholestérol, ce qui mène souvent à des maux cardiaques fatals.

Selon les auteurs de l'étude, chercheurs à l'Université de Hawaï, ces vagues de chaleur "meurtrières" vont devenir de plus en plus fréquentes, et ce même si l'accord de Paris sur le climat est respecté. 

Une évolution climatique dangereuse. Afin d'en arriver à ces résultats, les chercheurs ont analysé plus de 1.900 cas de décès dus à des vagues de chaleur à travers 36 pays sur une période allant de 1980 à 2014. 

Rapidement, les scientifiques ont remarqué que le risque de contracter ou de mourir d'une maladie due à la chaleur avait augmenté de manière régulière depuis 1980. Actuellement, environ 30 % de la population mondiale est exposée à ce risque durant au moins 20 jours par an. Cependant, selon leurs prévisions, cette proportion pourrait atteindre 48 % d'ici 2100. Si ce chiffre est inquiétant, c'est parce qu'il est valable même si les émissions de gaz carbonique connaissent une réduction drastique. 

" Il ne nous reste plus qu'à choisir entre le mauvais et le terrible "

Et "si les émissions continuent d'augmenter aux taux habituels, 74 % de la population mondiale expérimentera plus de 20 jours de chaleur mortelle par an en même temps" prévient Camilo Mora, professeur à l'Université de Hawaï et principal auteur de l'étude.

Concrètement, pour une vile comme New-York, qui connaît environ deux jours de chaleur considérée comme "mortelle" par an, cela pourrait mener à 50 jours de chaleur "mortelle" par an d'ici 2100. Le nord du Brésil, une grande partie de l'Asie et la plupart de l'Afrique de l'Ouest affronteraient pour leur part des vagues de chaleur "mortelle" durant plus de 300 jours par an. 

Des solutions peu nombreuses. Les chercheurs sont pessimistes. "Pour ce qui est des vagues de chaleur, il ne nous reste plus qu'à choisir entre le mauvais et le terrible" confie Camilo Mora. "Notre attitude envers l'environnement a été tellement inconsciente que nous nous retrouvons aujourd'hui sans bonnes perspectives pour le futur" poursuit-il. 

Selon Camilo Mora, "de nombreuses personnes paient déjà le prix ultime des vagues de chaleur". "Les changements climatiques ont placé l'humanité sur un chemin dangereux, dont il sera de plus en plus difficile de s'éloigner si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas prises davantage au sérieux" explique-t-il. Le chercheur conclut : "Par conséquent, les actions telle que la décision récente du Président Trump de se retirer de l'accord de Paris me semblent clairement inconscientes".