Crash de Messenger : ce que la sonde nous a appris de Mercure

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Noémi Marois , modifié à
SCIENCE - La sonde de la Nasa, qui va se crasher le 30 avril, a révélé que Mercure contient énormément de glace et de matières organiques.

Une belle mort après un voyage de 8 milliards de kilomètres, quatre années de labeur, 4.000 orbites réalisées et  des milliers de clichés emmagasinés. Messenger (Mercury Surface Space Environment geochemistry and ranging), envoyée dans l'espace en 2004, va rendre l'âme le 30 avril après un crash à 14.000 km/h sur la planète qu'elle aura tant observée. Première sonde à explorer cette zone du système solaire dès 2011, elle est depuis le 24 avril à court d’hélium, qui lui sert de carburant. Grâce à son travail, Mercure s'est révélée être beaucoup plus intéressante que ce que les scientifiques pensaient.

Une planète mal-aimée... Mercure a longtemps été la mal-aimée des scientifiques. Et pour cause, son environnement est particulièrement inhospitalier. En plus d'être la plus petite planète de notre système, elle est aussi la plus proche du Soleil avec une température de 400 degrés en surface pendant la journée. C'est ainsi qu'elle fait le tour de notre étoile en seulement  88 jours (contre 365 pour la Terre). De plus, sa surface, criblée de cratères, indique que de nombreux météorites circulaient dans son environnement proche : ce qui a longtemps rendu son observation compliquée. 

Cette proximité avec notre Soleil l'a aussi desservie. Les scientifiques, souvent à la recherche de potentielles traces de vie dans l'Univers, ont longtemps pensé que Mercure ne présentait aucun intérêt. Avec sa surface cramée et son absence d'atmosphère, aucune chance d'y découvrir des matières organiques ou des traces d'eau, pensaient-ils.

... finalement pleine de surpises. Grâce à ces observations, Messenger a démonté ces croyances. "Pour la première fois de l'histoire, nous avons une bonne connaissance de Mercure qui révèle une planète fascinante dans notre système solaire", a même expliqué John Grunsfeld, directeur des missions scientifiques de la Nasa.  

En essayant d'expliquer pourquoi Mercure est noire, la sonde a en effet découvert que la surface de la planète était recouverte de matière organique, plus précisément de carbone. Et sa provenance n'est pas a trouver dans les entrailles de Mercure mais plutôt dans son environnement immédiat. Ce sont en effet les innombrables météorites qui percutent la planète depuis des milliards d'années qui ont déposé sur son relief cette matière. Pour les scientifiques, c'est là un moyen détourné d'étudier l'apparition de la vie sur la Terre. C'est en effet grâce à l'apport des météorites que la vie a pu se développer sur notre planète.

Mars peut aller se rhabiller. Alors que des survols rapides de Mercure en 1974 et 1975 par la sonde Mariner 10 n'avaient rien révélé de particulier, Messenger a déniché en 2012 des cratères remplis… d'eau gelée. Située près des pôles et donc très éloignée du Soleil, cette glace, si elle était étalée sur une surface équivalente à celle de l'état de Washington, ferait trois kilomètres d'épaisseur, selon un calcul des scientifiques. La petite noireaude n'a donc rien à envier à Mars qui, depuis quelques années, fascine les chercheurs avec son pôle sud recouvert de glace.

Une sonde en chasse l'autre. Mercure ne sera pas longtemps seule. Une prochaine mission autour de Mercure est déjà en développement. BepiColombo de l'Agence spatiale européenne (ESA) devrait s'élancer en 2017 pour une arrivée prévue en 2024. Avec des instruments nouveaux dont Messenger n'est pas équipé, cette sonde devrait nous en apprendre encore plus. BepiColombo devrait notamment expliquer pourquoi certains dépôts de la surface de Mercure sont brillants. Messenger, qui les a pris en photographie, n'a pas été capable d'expliquer leur provenance. 

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