Un Français actif sur cinq présente un risque de trouble psychique

La proportion d'actifs présentant un risque de trouble psychique est plus importante chez les femmes (26%) que chez les hommes (19%). (Photo d'illustration)
La proportion d'actifs présentant un risque de trouble psychique est plus importante chez les femmes (26%) que chez les hommes (19%). (Photo d'illustration) © FRANCOIS GUILLOT / AFP
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avec AFP , modifié à
Une étude présentée lundi montre l'importance de l'équilibre vie professionnelle-vie personnelle pour la santé psychique des actifs.

Un Français actif sur cinq (22%) présente une détresse "orientant vers un trouble mental" et les facteurs de risques psychosociaux au travail influent fortement, notamment le déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, selon une étude de la Fondation Pierre Deniker, présentée lundi au Conseil économique, social et environnemental (Cese). La question des troubles psychiques au travail "constitue un véritable enjeu de santé publique", souligne cette Fondation pour la recherche et la prévention en santé mentale, créée en 2007, en plaidant pour une "politique d'évaluation et de prévention" chez les actifs.

Les femmes, population plus à risque que les hommes. Selon l'enquête dévoilée au Cese, réalisée avec Ipsos et dont les données ont été analysées avec l'appui du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), la proportion d'actifs présentant un risque de trouble psychique est plus importante chez les femmes (26%) que chez les hommes (19%). La prévalence est aussi plus élevée parmi les actifs travaillant plus de 50 heures par semaine (35% contre 21%), ceux sans bureau fixe (33% contre 22%), les personnes ayant un revenu annuel inférieur à 15.000 euros (30%), celles passant plus d'une heure et demie dans les transports (28%) et chez les actifs aidants de personnes handicapées ou en perte d'autonomie (28%).

L'importance de l'équilibre vie professionnelle-vie personnelle. En croisant l'évaluation de la détresse psychique avec l'exposition aux facteurs de risques psychosociaux (travail valorisant ou non, solidarité entre collègues, soutien de la hiérarchie, harcèlement, confiance en l'avenir professionnel), l'étude a identifié le poids des principaux facteurs, au premier rang desquels l'équilibre vie professionnelle-vie personnelle, qui est le "plus impactant". 45% des actifs qui déclarent ne pas parvenir à mener de front les deux (15% des personnes interrogées) "présentent un haut risque de trouble psychique" contre 18% de ceux qui y parviennent, selon l'étude.

Le poids des différents facteurs varie selon les profils. Pour les salariés, travail valorisant, solidarité entre collègues et communication au travail comptent le plus. Pour les indépendants, c'est la confiance en l'avenir professionnel.

Par sexe, pour les femmes, l'importance d'avoir un travail valorisant influe davantage (46% de celles qui ne se sentent pas utiles présentent une détresse, contre 20%). Pour les hommes, c'est la solidarité au travail (33% de ceux qui ne peuvent pas compter sur leurs collègues sont à haut risque contre 13%).

Élargir les données scientifiques. Sur la base de ces résultats, la Fondation Pierre Deniker en appelle aux pouvoirs publics pour "investiguer les liens de causalité entre troubles mentaux et facteurs de risques psychosociaux". "Nous devons impérativement constituer des cohortes de plusieurs dizaines de milliers de personnes" pour disposer de données scientifiques, plaide le Professeur Raphaël Gaillard, président de la fondation et chef de pôle au sein du centre hospitalier Sainte-Anne à Paris.