Un couple risque 18 ans de prison après la mort de son bébé, nourri au lait végétal

IMAGE D'ILLUSTRATION - Une infirmière nourrit un bébé prématuré avec du lait maternel (Medellin, 2014)
IMAGE D'ILLUSTRATION - Une infirmière nourrit un bébé prématuré avec du lait maternel (Medellin, 2014) © RAUL ARBOLEDA / AFP
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Le procès des parents d'un bébé mort après avoir été nourri au lait végétal relance le débat autour des alternatives au lait maternel. 

Cette semaine, un couple a comparu devant le procureur belge pour l'homicide involontaire de son bébé. Il y a près de trois ans, le nourrisson en question mourrait de déshydratation et de malnutrition chronique. Le bébé, âgé de 7 mois, avait été exclusivement nourri au lait végétal, une boisson produite à base de végétaux censée s'apparenter au lait d'origine animale. Les parents encourent aujourd'hui une peine de 18 ans de prison pour "refus délibéré de nourriture", alors que vient de s'ouvrir l'audience de leur procès. 

Des alternatives au lait maternel mortelles. La vie de ce nourrisson belge avait pourtant débuté de manière classique. Durant les premiers mois de son existence, le bébé, allaité par sa mère, avait été normalement nourri. Cependant, au bout de trois mois, son alimentation avait changé, la mère ne pouvant plus produire suffisamment de lait maternel.

Les parents, végétariens et propriétaires d'un magasin bio, avaient alors essayé de nourrir le bébé au lait artificiel, un substitut souvent fabriqué à base de lait de vache ou de lait de soja. Estimant que leur enfant n'y réagissait pas bien, ils en avaient déduit, sans consultation médicale, que ce dernier était intolérant au lactose. Dès lors, le nourrisson n'avait été alimenté que de lait de maïs, d'avoine et de quinoa, des laits végétaux vendus dans les surfaces bio. Pour Pascal Persoons, le procureur, ce diagnostic réalisé de manière non conventionnelle constitue le cœur du délit de ces parents, qu'il juge marqués par une "aversion pour la médecine traditionnelle".  

Le 6 juin 2014, le nourrisson, alors âgé de 7 mois, avait été victime d'une crise de vomissements. Alertés, les parents s'étaient finalement résolus à l'amener chez le médecin, dont le cabinet se situait à environ une heure de chez eux. Affaibli et lourd de seulement 4.3 kilos, le bébé était mort sur le chemin. Pour rappel, selon les courbes du carnet de santé, un bébé de cet âge est censé peser entre 6,5 et 10 kilos. 

Une nécessité d'alerter sur les dangers du lait végétal. Après la mort du bébé, les parents ont confié à la police n'avoir pas réalisé qu'ils avaient mal agi. Selon le site d'informations belge 7sur7, Peter S., le père âgé de 34 ans, est allé jusqu'à déclarer qu'il était convaincu qu'ils avaient fait "de leur mieux" pour soigner le bébé. 

Pour Elisabeth De Greef, gastro-entérologue pour enfants à Bruxelles, cette position est révélatrice du besoin d'informer et d'alerter les jeunes parents. Dans une interview accordée à 7sur7, le médecin affirme qu'il faut "conseiller aux parents d'être particulièrement suivis et informés dans de tels cas". D'après elle, il est nécessaire d'intégrer que "les laits d'avoine, de sarrasin ou de quinoa ne sont pas adaptés aux nourrissons car ils ne contiennent pas les protéines, minéraux et vitamines nécessaires pour la croissance". 

En 2013, l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) avait déjà publié un rapport pointant les risques liés à l'alimentation des nourrissons avec des boissons autres que le lait maternel et artificiel. Le compte-rendu soulignait notamment la "sensibilité des bébés à toutes carences".

A ce jour, la défense demande l'acquittement des parents, qui continuent à rejeter une quelconque responsabilité dans la mort de leur progéniture. Leur jugement, prévu pour le 14 juin, clôturera cette affaire ouverte il y a désormais trois ans. S'il est reconnu coupable par le procureur, le couple sera condamné à 18 ans de prison.