Trois questions sur la fin annoncée des mutuelles étudiantes

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Virginie Salmen avec A.H.
Dans une réflexion globale sur l'amélioration de l'offre de soins aux étudiants, le gouvernement envisage de supprimer leurs mutuelles spécifiques pour les intégrer au régime général.

Il pourrait bien y avoir du changement pour les étudiants. Le gouvernement veut mettre fin aux mutuelles étudiantes, et intégrer les concernés au régime général de la sécurité sociale. À quoi faut-il s'attendre ? Les étudiants vont-ils y gagner ?

Pourquoi une telle mesure ?

Le chiffre surprend autant qu'il inquiète. En France, un tiers des étudiants renoncent à se soigner, faute d'argent pour avancer les frais de médecin ou de dentiste. Les délais de remboursement sont souvent trop longs, "jusqu'à trois à six mois", assure Jimmy Losfeld, le président de la Fage, désormais première organisation étudiante.

Par ailleurs, un étudiant ne reste plus forcément sur les bancs de la fac pendant des années. Sa situation évolue constamment, entre ses stages, ses contrats d'été, son éventuelle alternance ou son année de césure, etc. En clair, l'idée est d'éviter qu'un étudiant passe successivement du régime général, au régime étudiant, avant de revenir au régime salarié ou à un régime spécifique. Le gouvernement veut simplifier les démarches, très lourdes administrativement. "Le fait de nous rattacher au régime général permet un choc de simplification en terme de gestion de l'assurance maladie pour les étudiants", promeut Jimmy Losfeld au micro d'Europe 1.

Pour les étudiants, qu'est-ce que ça change ?

Mercredi, des mutuelles étudiantes s'inquiétaient d'une probable "bascule" du régime des étudiants vers le régime général, une réforme qualifiée d'"accident industriel" par le président du groupe de mutuelles étudiantes régionales EmeVia, Ahmed Hegazy. L'un des arguments évoqués par ces mutuelles étudiantes est notamment la risque de perdre cette proximité toute particulière avec un public jeune, aux besoins et aux attentes différentes d'un public adulte. La mutuelle propose bien souvent des actions de prévention et un soutien permanent en ce qui concerne les comportements à risques (alcool, stupéfiants, tabagisme, rapports sexuels non protégés, maladies sexuellement transmissibles…)

Autre avantage des mutuelles étudiantes : les moyens de contraception et tests de grossesses sont remboursés. Quid du régime général ? Lilâ Le Bras, présidente de l'Unef, craint de perdre la main sur une mutuelle taillée sur mesure pour les besoins des étudiants. "Quand on parlait il y a quelques années de la pilule de troisième génération, la fédération a fait le choix politique et militant de continuer à rembourser cette pilule tant qu'il n'y avait pas de preuves contre celle-ci, pour que les jeunes femmes ne se retrouvent pas du jour au lendemain sans contraception. Les préservatifs sont aussi remboursés", rappelle-t-elle au micro d'Europe 1.

Parallèlement, et comme il est indiqué plus haut, ce passage des étudiants au régime général devrait leur permettre d'éviter des démarches administratives parfois longues et complexes, au gré de leurs changements de vie. Toutefois, la grande inconnue reste le coût. Actuellement, le régime obligatoire d'une mutuelle coûte un peu plus de 200 euros par an. La Fage, qui porte cette réforme, demande une sécurité sociale gratuite pour les étudiants.

Quand pourrait avoir lieu ce changement ?

Pour l'heure, la suppression du régime de sécurité sociale des étudiants fait partie des "pistes étudiées" par le gouvernement, qui souhaite réformer leur offre de soins et fera des "propositions" en ce sens dans les prochaines semaines, ont annoncé jeudi les ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur. Dans un communiqué commun, Agnès Buzyn et Frédérique Vidal indiquent qu'une "réflexion globale sur l'amélioration de l'offre de soins aux étudiants" est actuellement menée. Si aucune date d'entrée en vigueur n'a été donnée pour l'instant, on sait déjà qu'elle pourrait se faire au plus tôt à la rentrée 2018.