Tourisme médical : une aubaine pour les hôpitaux français ?

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Fabienne Cosnay , modifié à
Un rapport remis à la ministre de la Santé prône l'accueil de riches patients étrangers dans les hôpitaux français. A la clé, un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros. 

Un marché porteur. 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires et quelque 30.000 emplois créés en cinq ans : c'est ce que pourrait rapporter un meilleur accueil des patients étrangers dans les hôpitaux français, selon un rapport de l'économiste Jean de Kervasdoué remis en juin à Marisol Touraine et Laurent Fabius.

Gardé secret jusqu'ici, ce rapport, qui prône un tourisme médical contrôlé, vient de sortir dans la presse, à quelques jours d'un séminaire de la ministre de la Santé et des Affaires étrangères sur "la valorisation de l'expertise médicale française". "Quand vous regardez les pays du Sud, il y a 300 millions de personnes qui gagnent autant que les 5% des Français les plus riches", a souligné Jean de Kervasdoué, invité mardi d'Europe 1 Midi. Parmi ces étrangers, de riches patients qui ne trouvent pas les soins adéquats dans leur pays d'origine.

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Un obstacle culturel. En France, l'accueil de riches patients étrangers pour enrichir les caisses déficitaires des hôpitaux reste un sujet tabou, en particulier à l'hôpital public. En témoigne la polémique suscitée en mai dernier par la privatisation d'un étage de l'hôpital parisien Ambroise Paré pour un riche émir, rappelle Jean de Kervasdoué dans son rapport.

... et des obstacles techniques. Les contraintes administratives (il faut trois jours en moyenne pour fournir un devis à un patient étranger) la vétusté de certains locaux, un personnel pas toujours formé aux langues étrangères ou encore l'interdiction de la publicité pour les médecins constituent aujourd'hui les principaux freins techniques à l'accueil de ces patients étrangers.

Un organisme unique. Pour développer un tourisme médical, Jean de Kervasdoué préconise la création d’une agence publique, baptisée "MEDICAL-France", chargée de promouvoir et d’organiser la prise en charge des patients étrangers. Cet organisme pourrait "définir et mettre en oeuvre un cahier des charges" et un label pour les hôpitaux "capables d'accueillir les malades étrangers" et développer un "portail numérique" en "au moins six langues".

Délivrer des visas plus vite. Dans son rapport, l'économiste préconise deux autres mesures : "simplifier les procédures de visas pour les patients" et "favoriser l'ouverture d'hôtels haut de gamme spécialisés dans l'accueil de malades et de leurs familles".