Ovocytes congelés : première française

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Pour la première fois en France, deux bébés sont nés après congélation d'ovules.

Ils viennent de voir le jour à l'hôpital Antoine Béclère de Clamart, dans les Hauts-de-Seine. Jérémie et Keren, 3,2 kg et 2,8 kg, "se portent bien", a annoncé mercredi le professeur René Frydman. Plusieurs centaines d'enfants sont nés déjà dans le monde après congélation d'ovules, mais ce sont les premiers en France. Cette technique se heurte, en effet, à des blocages dans l'Hexagone que le Pr Frydman a décidé de "contourner" avec son équipe.

La "vitrification" interdite

En effet, selon lui, "la loi autorise, dans des conditions de risque de perte de fertilité pas bien définies, à préserver des ovocytes par congélation, mais pas avec la méthode la plus performante (la vitrification, ou congélation ultra rapide) sous prétexte que toute innovation est assimilée à de la recherche sur l'embryon".

"La vitrification - qui a déjà permis à des enfants de naître à l'étranger - reste interdite en France du fait d'un imbroglio juridico-politique et idéologique qui a mis notre pays en retard dans l'innovation thérapeutique par rapport à l'ensemble des autres pays", déplore le Pr Frydman.

Une façon "de secouer le cocotier"

Le Pr Frydman, gynécologue-obstétricien et responsable du pôle "Femme-Couple-Embryon-Enfant" de l'hôpital, a donc utilisé la technique de la congélation lente. "Si j'avais voulu braver la loi, j'aurais carrément recouru à la vitrification", dit-il. Cela n'en reste pas moins, pour lui, une façon "de secouer le cocotier" et "d'éclaircir une situation législative qui n'est pas claire".

Le Pr Frydman rappelle que "la congélation des ovocytes est un développement de la fécondation in vitro (FIV) qui permet de préserver la fertilité de la femme, particulièrement en cas de traitement anti-cancéreux susceptible de l'altérer". "Elle ouvre aussi la possibilité de créer une banque publique d'ovules congelés en vue du don, comme il existe des banques de sperme", souligne-t-il.

"Il y a urgence"

Il espère que la révision des lois de bioéthique, en cours, permettra de développer de nouvelles méthodes de congélation d'ovules comme la vitrification. Alors que le prix Nobel de Médecine 2010 a été décerné au Britannique Robert Edwards, père de la fécondation in vitro, "il y a urgence à promouvoir les innovations afin d'augmenter les taux de succès de l'assistance médicale à la procréation", estime-t-il.

Ces naissances et celles qui suivront sont le fruit de la collaboration entre l'équipe biologique (Dr Nelly Achour-Frydman) et clinique (Pr Renato Fanchin) du pôle dirigé par le Pr Frydman à l'hôpital Antoine-Béclère (AP-HP). Le Pr Frydman a mis au monde en 1982 à Clamart le premier bébé-éprouvette français, Amandine, moins de quatre ans après la naissance, le 25 juillet 1978 en Grande-Bretagne, de Louise Brown, premier bébé au monde conçu par FIV.