Oubliez le bouche-à-bouche

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Marion Sauveur , modifié à
Des études montrent que le massage cardiaque couplé au bouche-à-bouche perd de son efficacité.

La pratique du bouche-à-bouche bientôt aux oubliettes ? A en croire les études qui se succèdent sur le massage cardiaque associé à cette technique de ventilation, mieux vaut ne pas prodiguer le bouche-à-bouche.

Le massage seul, plus bénéfique

La dernière enquête en date, publiée mardi dans le Journal of the American Medical Association, assure que lors d'une crise cardiaque en dehors d'une structure médicale, le massage réalisé par un non-professionnel sans bouche-à-bouche associé augmente les chances de survie de la victime.

La compression thoracique seule serait liée à une augmentation d'environ 60% des chances de survie d'une personne victime d'arrêt cardiaque en comparaison aux personnes ayant reçu un bouche-à-bouche ou qui n'ont bénéficié d'aucun geste de réanimation cardio-pulmonaire, précise l’étude.

Conséquence : une campagne d'information a ainsi été lancée visant à encourager les massages cardiaques sans bouche-à-bouche ni bouche-à-nez, ce qui est, en plus, plus facile à enseigner, à apprendre et à mémoriser.

Le bouche-à-bouche, c’est parfois utile

Pour autant, les nouvelles recommandations internationales en matière de réanimation de l’Ilcor - qui seront publiées le 18 octobre prochain - ne tranchent pas sur le sujet, a précisé à Europe1.fr le Dr Pascal Cassan, médecin urgentiste et médecin conseiller national de la Croix-Rouge française. Et ce pour deux raisons : "il n’y a pas assez de preuve que le bouche-à-bouche soit inefficace, et il reste un intérêt à le pratiquer notamment sur des enfants, des noyés ou encore les intoxiqués médicamenteux".

En France, pas de campagne d’information pour limiter l’usage de la ventilation. Pour autant, la Croix-Rouge a choisi de privilégier le massage cardiaque sans bouche-à-bouche dans ses formations courtes, d’une heure. "Simplement, parce que le grand public a dû mal à se rappeler des gestes à réaliser", explique le médecin de la Croix-Rouge. La pratique de la ventilation est enseignée uniquement dans les formations longues, sur une semaine.

Ne pas rester passif : c’est l’essentiel

Quant aux professionnels, ils pratiquent la ventilation et le massage cardiaque associés. Et ce, même si le bouche-à-bouche tel quel n’est plus pratiqué : ils utilisent principalement un ballon auto-remplisseur.

Quoi qu’il en soit, en cas d’arrêt cardiaque mieux vaut agir que ne rien faire. "Si l’on est néophyte, mieux vaut appuyer au milieu du thorax que de rester passif. Et si l’on a des notions de secourisme autant faire le massage cardiaque et le bouche-à-bouche", résume le Dr Pascal Cassan.