Ménopause précoce : les perturbateurs endocriniens en cause

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Alcyone Wemaere, avec AFP
Les femmes dont le sang et l'urine présentent des traces de produits chimiques sont ménopausées deux à quatre ans plus tôt que les autres, selon une vaste étude.

Le rôle des perturbateurs endocriniens dans la survenue d'une ménopause précoce se confirme : c'est ce qui ressort de l'examen des niveaux, dans le sang et dans les urines, d'une centaine de produits chimiques, dont les résultats ont été publiés dans la revue scientifique américaine PLOS ONE.

Deux à quatre années plus tôt. Une étude, conduite pendant dix ans sur 1.442 Américaines ménopausées de 61 ans en moyenne, a mesuré les niveaux dans le sang et dans l'urine de 111 produits chimiques soupçonnés d'interférer avec la production naturelle et la distribution d'hormones dans l'organisme. Résultats : les femmes qui présentent des niveaux élevés de substances chimiques contenues dans des plastiques, produits de beauté et d'entretien sont ménopausées deux à quatre ans plus tôt que celles présentant des niveaux plus faibles de ces éléments.

"Inquiétant". "Nos résultats suggèrent que la société devrait s'en inquiéter", met en garde le Dr Amber Cooper, professeur adjointe de gynécologie à la faculté de médecine de l'Université Washington à St Louis dans le Missouri, principal co-auteur de l'étude.

Plusieurs analyses beaucoup plus limitées avaient déjà mis en lumière la relation entre des perturbateurs endocriniens et la ménopause. Mais cette étude est la première d'une telle ampleur à explorer la corrélation entre la ménopause et ces substances chimiques. Précision importante : aucune de ces femmes ne suivait d'hormonothérapie et n'avait subi une ablation des ovaires.

Maquillage, lotions, détergents… Quelque 15 produits ont été associés de manière significative à une ménopause précoce et à un déclin de l'activité ovarienne. Parmi eux, on trouve 9 polychlorobiphényles (PCB), trois pesticides, deux phtalates : autant de produits utilisés dans les plastiques, détergents, produits pharmaceutiques, lotions, parfums, maquillage, vernis à ongles, savons liquide ou encore laques à cheveux.

D'autres problèmes de santé en prime. Un déclin de l'activité de l'ovaire peut non seulement affecter la fertilité mais aussi conduire notamment au développement précoce de maladies cardiovasculaires, d'ostéoporose, soulignent les chercheurs. Ces derniers citent également d'autres études qui ont établi une corrélation entre ces substances chimiques et certains cancers, des dysfonctionnements du métabolisme et la puberté précoce chez les filles.

Comment éviter ces substances ? "Il est souvent difficile d'éviter d'être exposé à ces produits chimiques car ils sont dans le sol, l'eau et l'air", relève le Dr Cooper. Elle recommande de préférer les récipients en verre ou en papier pour réchauffer des plats au micro-ondes plutôt qu'en plastique et de s'informer sur la composition des produits cosmétiques et ménagers.