Maladies cérébrales : quand la musique donne une note d'espoir

Alzheimer musique
Daniel de Rossi, musicien, se produit devant des patients atteints de la maladie d'Alzheimer, le 07 février 2008 à l'hôpital gériatrique Antoine Charial près de Lyon. © FRED DUFOUR / AFP
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Aux Etats-Unis, une étude vient confirmer les vertus de la musique sur les malades d’Alzheimer. 

"La musique donne des ailes à la pensée", disait Platon. Etude après étude, l’adage tend à se confirmer. Selon des travaux qui viennent de paraître dans l’American journal of GeriatricsPsychiatry, la musique permettrait ainsi aux malades d’Alzheimer de consommer moins d’antipsychotiques, des médicaments qui limitent les effets de la démence. "L’approche est simple, mais efficace. Les résidents qui ont écouté leur musique favorite prennent moins de médicaments. 20 % d’entre eux ont arrêté de consommer des antipsychotiques", écrit Pourquoi docteur, qui rapportait l’étude ce dimanche.

Les chercheurs de l’Université Brown vont maintenant affiner leurs recherches, dans le but de trouver une alternative réelle aux traitements médicamenteux. Peut-on vraiment soigner des troubles du cerveau par la musique ? La recherche en la matière reste encore largement perfectible mais commence déjà à produire quelques notes d’espoir.

Quand les patients d’Alzheimer se (re)mettent à fredonner. Sur la mémoire, notamment, les vertus de la musique semblent se confirmer. Les travaux du chercheur caennais Hervé Platel, après ceux du pionnier Bernard Lechevalier (unité Inserm U1077), ont notamment permis d'établir une "cartographie" cérébrale de la mémoire musicale chez des sujets musiciens et non musiciens. Ses conclusions : les musiciens présentent une hypertrophie d'une région du cerveau, l'hippocampe, qui joue un rôle clé dans la mémoire. C'est aussi une des rares zones du cerveau à produire de nouveaux neurones pendant toute la vie.

Partant de ce constat, le chercheur de l’université de Caen multiplie les pistes de recherche médicale. Ses équipes ont notamment constaté que des patients atteints de la maladie d’Alzheimer qui suivent des ateliers de champs voyaient leur mémoire s’améliorer. Après plusieurs mois d’ateliers, ils parviennent à se souvenir et à fredonner l’air d’une chanson. "Il y a de plus en plus de travaux épidémiologiques et expérimentaux qui suggèrent que la pratique musicale aurait un effet protecteur vis à vis des maladies neurodégénératives. Non pas que la pratique de la musique éviterait d’avoir une maladie d’Alzheimer, mais elle contribuerait à soutenir une réserve cognitive, c’est-à-dire de la mémoire, à même de retarder les symptômes", décrit-il sur le site Maladiealzheimer.fr.

" On constate un éveil cognitif spectaculaire et puissant "

"Chez beaucoup de patients à un stade avancé de la pathologie, la musique demeure le seul canal de communication possible. En observant des patients en institutions spécialisées lors d’ateliers musique ou chant, on constate un éveil cognitif spectaculaire et puissant. Ceci est d’autant plus remarquable que cet éveil est couplé à une baisse des troubles comportementaux", poursuit Hervé Platel.

AVC, Parkinson, des pistes prometteuses. D’autres travaux montrent que la pratique du piano (pour la motricité) ou l’écoute de la musique (pour le langage) favorisent la rééducation des victimes d’un AVC. "Le support est particulièrement efficace dans la rééducation des personnes qui souffrent d'aphasie (troubles de la parole). Les patients répètent des mots ou des phrases en chantant. Et ceux qui avaient perdu la fonction du langage sont capables de fredonner en entendant une mélodie connue", raconte le Dr Pierre Lemarquis, neurologue et attaché d'enseignement à l'université de Toulon, interrogé par Le Figaro.

Des écoles spécialisées ouvrent, par ailleurs, partout dans le monde pour aider les malades de Parkinson à réduire leurs rigidités musculaires et leurs troubles de l'équilibre par l’écoute de la musique ou la pratique de la danse. Si aucune étude statistique d’ampleur n’est venue confirmer les vertus du rythme musical sur cette maladie, les champs de recherche sont légion. La chercheuse canadienne Jessica Grahn a par exemple déjà démontré que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson réussissaient, à l’écoute de musique, à allonger leur pas et à accélérer leur marche au lieu de rester figées. Elle tente désormais de comprendre comment, pour mieux optimiser l’utilisation de la musique.