Loi santé : vendredi noir pour les blouses blanches

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AW avec AFP , modifié à
Tous les professionnels de santé sont invités à faire grève vendredi contre le projet de loi de Marisol Touraine et le tiers payant généralisé.

Généralistes, spécialistes et chirurgiens libéraux mais aussi dentistes et infirmiers libéraux. Tous sont appelés à faire front commun vendredi contre le retour du projet de loi santé à l'Assemblée nationale lundi prochain. Par cette journée "santé morte", les professionnels de santé entendent une nouvelle fois dénoncer le tiers payant généralisé.

Comment va se traduire cette journée de grève ? Des cabinets seront fermés, des opérations programmées dans les établissements privés annulées et les urgences pourront être redirigées vers l'hôpital public. "Il y aura des blocages sérieux dans certaines villes où les médecins sont extrêmement motivés", comme à Toulouse, Lyon ou Grenoble, estime Lamine Gharbi, président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), qui "lutte" contre un texte visant à "réduire en miettes la médecine libérale et l'hospitalisation privée". Les plus radicaux, comme le Bloc ou l'association de médecins UFML, appellent déjà à un arrêt d'activité "de plusieurs jours", afin de montrer "ce qui se passera demain" avec l'application de la loi.

Le ministère de la Santé a assuré avoir pris toutes les dispositions pour que "chaque patient puisse être pris en charge dans de bonnes conditions". Mais la Fédération hospitalière de France fustige ceux "qui font fi de leurs obligations" et laisseront "seuls les hospitaliers publics répondre aux besoins de santé des Français".

Le tiers payant ne passe pas. L'objectif de la grève ? "Montrer clairement à toute la France que le monde des libéraux est réveillé et ne laissera pas passer (le projet de Marisol Touraine) sans rien faire" explique Eric Henry, président du Syndicat des médecins libéraux. Mais c'est surtout la généralisation du tiers payant à tous les assurés d'ici à 2017 qui est dans le viseur des praticiens depuis plus d'un an. Concrètement, les patients n'auront plus à avancer les frais d'une consultation, les médecins étant remboursés directement par l'assurance maladie et les mutuelles.  Les médecins, qui redoutent des retards de paiement et de nouvelles tracasseries administratives, estiment que ce sera l'usine à gaz assurée. 

S'ils se disent favorables à un "tiers payant social" pour les patients les plus modestes (bénéficiaires de la CMU-C ou de l'aide à la complémentaire santé), ils appellent à refuser son application à tous. 

Des décrets pour assouplir la mesure ? A défaut de pouvoir empêcher le vote du texte, les médecins espèrent bien peser sur les décrets d'application.  Il leur faudra d'abord renouer le dialogue avec le gouvernement. Non contents de boycotter la grande conférence de santé voulue par le Premier ministre Manuel Valls le 11 février, les syndicats organiseront le même jour des "Assises de la médecine libérale" afin de présenter un socle commun de propositions en vue de leurs négociations avec l'Assurance maladie en 2016. Reste à voir si les médecins parviendront à surmonter leurs divergences après le vote de la loi.