Les médicaments soigneraient mieux les hommes

La médecine favoriserait les hommes par rapport aux femmes.
La médecine favoriserait les hommes par rapport aux femmes. © MAXPPP
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Noémi Marois , modifié à
SEXISME- Médicaments et recherche médicale se basent essentiellement sur le sexe masculin.

Les femmes sont-elles les laissées-pour-compte de la médecine ? C'est ce que rapporte une étude publiée dans le numéro du mois d'août du magazine Science et Vie. Le constat est implacable : les médicaments seraient adaptés avant tout aux hommes.

Un même dosage avec des effets différents. Les recherches médicamenteuses fixent des posologies qui conviendraient plus aux hommes. Une prise de médicament peut donc avoir sur les femmes des conséquences négatives. Les effets peuvent être chez elles décuplés, prolongés, voire carrément différents. Par exemple, ayant un système immunitaire plus réactif, elles réagissent plus lors d'un vaccin. Selon une étude américaine, une demi-dose leur suffirait.

Toujours aux États-Unis, une étude récente sur le zolpidem (stilnox en France) a montré qu'au lendemain matin de la prise de ce médicament, cela fait plus effet sur les femmes, avec les conséquences que cela peut avoir sur la conduite automobile. L'Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux a donc recommandé aux médecins de prescrire désormais aux femmes une dose deux fois moins forte que celle des hommes. C'est la première fois dans ce pays qu'il y a un différentiel de dosage médicamenteux entre les deux sexes. 

Enfin, l'aspirine, employée pour prévenir le risque d'infarctus car elle fluidifie le sang, se révèle efficace chez les hommes. Dans le cas des femmes, le même médicament agit surtout sur le risque d'accident vasculaire cérébral.

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Des métabolismes différents. Un même dosage n'a pas les mêmes effets car les hommes et les femmes ont des métabolismes différents. Rappelons qu'ils ont des chromosomes et donc des gènes différents. Une étude de 2006 publiée dans le Genome Research a ainsi montré à partir de tests sur souris, que 72% des gènes du foie, 68% des gènes des cellules graisseuses et 13% des gènes du cerveau ne s'expriment pas aux mêmes degrés selon les sexes.

Ça commence dans les labos. Si le dosage médicamenteux est adapté aux hommes, c'est que l'inégalité existe dès la recherche en laboratoire. En effet, les tests effectués sur les animaux sont faits majoritairement avec des mâles. C'est le cas de 8 disciplines médicales sur 10. Même dans la recherche sur la dépression qui touche plus les femmes que les hommes, les animaux femelles sont sous-représentés. 

Si les animaux mâles sont privilégiés, "c'est pour éviter que les hormones ne perturbent les résultats" explique Claudine Junien, généticienne contactée par le Parisien. Les femelles ont des modifications hormonales liées au cycle menstruel, ce qui n'est pas le cas des mâles.

Plus de décès chez les femmes ayant un infarctus. Cette recherche biaisée a des conséquences dans le domaine des maladies cardiaques. La recherche privilégiant les hommes, une femme de moins de 50 ans qui a une attaque cardiaque a deux fois plus de risques de mourir qu'un homme. Celles de plus de 65 ans ont 42% de risque en plus de décéder dans l'année suivant un infarctus, contre 24% chez les hommes. 

La faute à quoi ? Des recherches insuffisantes entraînent des erreurs de diagnostic. Les symptômes de l'infarctus chez la femme ne sont en effet pas les mêmes que chez l'homme. L'homme a une douleur au bras gauche et ce sont ses artères qui se bouchent. La femme, elle, a des maux de ventre et la poitrine oppressée. De plus, ce sont les petits vaisseaux de son cœur qui se bouchent et non ses artères.

Afin de mettre fin à ces inégalités flagrantes, Les États-Unis ont décidé d'agir. L'Institut National de la Santé versera désormais ses subventions uniquement aux études qui prendront en compte les différences entre les sexes.

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