Olivia Cattan est présidente de l’association "SOS Autisme". 1:21
  • Copié
Anaïs Huet
L'association SOS Autisme France va remettre aux autorités un manifeste de dix propositions visant à combler "des décennies" de retard dans la prise en charge des enfants autistes. Seuls 20% d'entre eux sont scolarisés dans le pays.
INTERVIEW

Le chiffre est accablant : 80% des enfants autistes en France ne sont pas scolarisés. Sur Europe 1 vendredi matin, Olivia Cattan, présidente de SOS Autisme, s'est dite "effondrée" face à une telle inaction de l'Etat. "Je pèse mes mots. Ces personnes sont déchues de leur nationalité, elles sont privées de leurs droits les plus élémentaires : le droit à l’éducation, le soin", s'est-elle émue. 

3.000 euros par mois. Car si les chiffres de la scolarisation des enfants autistes sont si bas en France, c'est bien en raison des coûts engendrés. "La prise en charge - une fois que la MDPH (la Maison départementale des personnes handicapées, ndlr) nous donne notre allocation - nous coûte 3.000 euros par mois", a décrit cette mère de famille. "Qui aujourd’hui peut payer ce tarif ? Il y a une inégalité sociale incroyable. Les familles précaires, les classes moyennes ne peuvent plus payer". 

"La France s'en fout". Pour de nombreux parents d'enfants autistes, le sentiment de ne pas être entendus est particulièrement pesant. Beaucoup d'entre eux ont même confié à Olivia Cattan se demander s'il fallait "brûler [leurs] cartes d’identité pour se faire entendre'". "On n’est pas entendus parce qu’on a des enfants handicapés, on n’est pas les agriculteurs, les taxis. La France s’en fout, n’écoute pas", constate amèrement Olivia Cattan, qui espère toujours que le président de la République "ouvre un grand chantier sur le handicap et plus notamment sur l'autisme".

La France "se débarrasse de nos enfants".Les enfants autistes qui ne peuvent être pris en charge en France sont envoyés en Belgique, "parce que ça coûte moins cher à la sécurité sociale", explique Olivia Cattan. "J’ai demandé au président de la République s’il avait annexé la Belgique dans la nuit. Pourquoi est-ce qu’on se débarrasse de nos enfants ? On les laisse mourir dans des mouroirs, des centres psychiatriques. C’est indigne de la France et d’un pays démocratique".

Une action en justice. Pour faire bouger les lignes, SOS Autisme et l'avocat Me Dupont-Moretti ont pris la décision d'attaquer en justice, de manière systématique, chaque école, chaque centre de sport, chaque conservatoire, qui refusera d'accueillir des enfants autistes, "tous ces lieux où nos enfants sont des pestiférés".