Le télétravail bientôt favorisé pour freiner les arrêts maladie ?

teletravail
Si les pathologies sont "compatibles avec la poursuite de l'activité", précisent les experts, le télétravail est envisageable. © THOMAS COEX / AFP
  • Copié
Mélanie Gomez avec AFP, édité par Noémi Marois , modifié à
Une mission de travail, lancée en septembre dernier par Edouard Philippe, envisage cette piste afin de freiner le coût des arrêts maladies.

Pour freiner l'augmentation du coût des arrêts maladie, les experts missionnés par le Premier ministre Édouard Philippe privilégient plusieurs "pistes de réflexion", dont le télétravail, selon un document de travail que plusieurs médias se sont procurés.

Une simple case à cocher sur l'arrêt de travail. La mission, lancée fin septembre par Édouard Philippe, propose le "télétravail" comme une des "alternatives à l'arrêt de travail court". S'il juge le télétravail adapté à l'"état du patient", le médecin prescripteur pourrait à l'avenir cocher cette nouvelle case sur l'avis d'arrêt de travail. Une solution qui pourrait aussi être utilisée dans le cadre de "certains arrêts longs", si les pathologies sont "compatibles avec la poursuite de l'activité", précisent les experts.

Pour "ne pas s'enfermer dans sa maladie". Un avis que partage le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la confédération des syndicats médicaux français. "Seul un Français sur deux qui a eu un arrêt de travail de plus six mois va retrouver un poste de travail. Une reprise combinée avec du télétravail doit permettre d'être moins désocialisée, de ne pas s'enfermer dans sa maladie et pour ces arrêts longs, ça me semble particulièrement intéressant", explique-t-il au micro d'Europe 1.

À la CGT, Jérôme Vivenza trouve cependant cette proposition "très floue" et s'interroge : "comment un médecin peut prescrire du télétravail alors qu'il ne connaît pas en détail le métier du salarié ?"

Vers une "forfaitisation" des indemnités journalières ? Autre proposition d'économies, les experts envisagent de "simplifier les calculs" des indemnités "pour les arrêts les plus courts", aujourd'hui chiffrés au cas par cas. Ils ont évoqué une possible "forfaitisation" des indemnités journalières pour les arrêts de 1 à 30 jours lors d'une réunion lundi avec des responsables syndicaux et patronaux. "D'après eux, les arrêts courts engorgent la Sécurité sociale, qui doit traiter les fiches de paie", rapporte Catherine Pinchaut (CFDT). Les arrêts maladie de 1 à 30 jours représentent près de 75% du nombre total d'arrêts pour seulement 18% des dépenses, selon l'Assurance maladie.

"On ne cautionnera pas", prévient FO. Le forfait envisagé, "encore flou", se ferait sur la base de "0,5 à 0,9 Smic" en fonction de "tranches de salaire", indique Jean-François Gomez (CFE-CGC). Aujourd'hui, les indemnités correspondent à 50% du salaire journalier de base, plafonné à 1,8 fois le montant du Smic pour le calcul. "On ne cautionnera pas, cela donne lieu à une baisse de protection pour les assurés", prévient Serge Legagnoa (FO).

Unifier les délais de carence entre public et privé. D'autres pistes, comme la "convergence" du délai de carence entre secteurs public (un jour) et privé (trois jours), sont explorées. Les trois rapporteurs de la mission, Jean-Luc Bérard, DRH du groupe industriel Safran, Stéphane Seiller, magistrat à la Cour des comptes, et Stéphane Oustric, professeur de médecine à l'université de Toulouse, soulignent une "demande d'équité". Ils proposent un délai de "2-3 jours pour tous" ou la "suppression" pure et simple de cette période tampon avant le versement des indemnités. Ils insistent sur l'"efficacité controversée des jours de carence", censés décourager les arrêts de complaisance, et rappellent qu'il n'y en a aucun en Alsace-Moselle.