Glyphosate autorisé pour 18 mois : regrets de Royal, dépit des ONG

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avec AFP , modifié à
La ministre de l'Environnement, et plusieurs ONG ont déploré jeudi la décision de la Commission européenne de prolonger pour 18 mois l'autorisation du glyphosate.

Ségolène Royal, la ministre de l'Environnement, et plusieurs ONG ont déploré jeudi la décision de la Commission européenne de prolonger pour 18 mois l'autorisation du glyphosate, une substance herbicide dont les effets sur la santé font débat.

Ce que dit Ségolène Royal. Dans un communiqué, Ségolène Royal "regrette cette décision, à laquelle la France s'était opposée à plusieurs reprises". "D'autres États membres de l'Union européenne, notamment l'Allemagne, l'Italie, l'Autriche, le Portugal et Malte s'étaient joints à la France et avaient refusé d'approuver cette décision", ajoute la ministre.

Le ministère de l'Environnement rappelle le soupçon qui pèse sur le glyphosate et le débat scientifique en cours: "le glyphosate a été classé 'cancérigène probable' par le Centre international de recherche sur le cancer (branche de l'OMS) en 2015" et "cette position a été contestée par l'Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA)".

Comment la décision a-t-elle été prise ? La France et Malte se sont opposés à la prolongation qui arrivait à expiration le 30 juin. Sept autres pays (Allemagne, Italie, Portugal, Autriche, Luxembourg, Grèce, Bulgarie) se sont abstenus. En l'absence de majorité qualifiée parmi les Etats membres sur ce sujet, la décision finale est revenue à la Commission. La prolongation pour 18 mois reflète néanmoins une évolution de la Commission qui initialement était favorable à un renouvellement pour 15 ans, puis pour 7 ans.

Ce que disent les ONG. France nature environnement (FNE) a dénoncé "les atermoiements" de l'Union européenne et demande que la France interdise les produits à base de glyphosate et prévoit "un plan d'accompagnement pour aider les agriculteurs à se passer de cet herbicide". L'ONG rappelle que le retrait de plus de 130 produits associant glyphosate et certains adjuvants (les "tallow amines") a été annoncé par l'Anses, l'agence sanitaire française. Elle indique qu'il y aurait encore 300 produits contenant du glyphosate commercialisés en France, dont le fameux Roundup de Monsanto.

Dans un communiqué commun, Générations futures, Foodwatch et La ligue contre le cancer ont salué le vote de la France et critiqué l'autorisation pour 18 mois dans l'attente d'un nouvel avis scientifique, émanant cette fois de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA). "On peut penser que la Commission gagne du temps par crainte des foudres de l'industrie chimique", écrivent ces organisations qui demandent que "la santé des consommateurs et des agriculteurs soit protégée en appliquant strictement le principe de précaution". Greenpeace estime que "ce sursis ne doit pas uniquement servir les intérêts économiques de Monsanto et ses pairs, mais permettre de développer de véritables alternatives à l'utilisation de cet herbicide, le plus commercialisé en Europe". "A terme, le glyphosate doit être purement et simplement interdit en Europe", plaide l'ONG.