Essai thérapeutique : "C'est un moyen facile et rapide de gagner de l'argent"

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Théo Maneval avec C.P. , modifié à
Il y a toujours beaucoup de questions ce samedi après l'essai clinique qui a tourné au drame à Rennes. Des essais cliniques qui n'ont pas d'autres choix que d'utiliser des cobayes volontaires. Des cobayes souvent bien rémunérés.
TÉMOIGNAGE

Plusieurs enquêtes en cours. Est-ce le dosage du produit ou une erreur de protocole ? Il reste beaucoup de questions samedi après l'essai clinique qui a tourné au drame à Rennes. Six patients sont hospitalisés au CHU de la ville, l'un est en état de mort clinique et trois autres dans un état neurologique très grave. Plusieurs enquêtes sont en cours. L'inspection générale des affaires sociales est d'ailleurs attendue à Rennes dans le laboratoire Biotrial. L'objectif est de comprendre comment un essai thérapeutique a pu coûter la vie à une personne.

"La motivation est purement financière". La science n'a pas trouvé d'autre moyen que d'utiliser certains d'entre nous comme des cobayes pour tester des médicaments et des traitements. A chaque fois, il s'agit de volontaires, rémunérés. Une façon d'arrondir les fins de mois, mais à quel prix ? Parmi les cobayes, on trouve souvent des étudiants, qui voient là une façon de gagner facilement de l'argent. C'est le cas de Christophe, contacté par Europe 1. Lors de ses années à l'université, il s'est porté volontaire pour tester un médicament contre les crises d'épilepsie : "la motivation est purement financière. On m'a proposé 1.200 euros pour trois nuits d'hospitalisation. Je trouvais que c'était un moyen rapide et facile pour gagner de l'argent", explique-t-il. De l'argent qu'il a ensuite utilisé pour partir en vacances, une semaine en Tunisie.

"J'ai eu des grosses douleurs, c'était insoutenable". Pour se faire plaisir donc, ou pour joindre les deux bouts, les gains vont de quelques dizaines à plusieurs milliers d'euros selon les tests. Et c'est d'ailleurs peut-être là l'effet pervers. En effet, plus l'expérience est risquée, plus le cobaye gagne de l'argent. Il y a toutefois une limite : on ne peut pas empocher plus de 4.500 euros et participer à plus de trois tests chaque année. Mais parfois, le prix payé de sa propre santé n'est pas négligeable. Pour 1.700 euros, Tatiana se souviendra des 12 jours de tests d'un complément alimentaire, "j'ai eu de très grosses crampes d'estomac, des grosses douleurs. C'était insoutenable. J'avais également beaucoup de courbatures et mal partout. Et puis c'était 12 jours pendant lesquels je n'ai pas bougé, je ne pouvais pas sortir. Je n'étais vraiment pas bien", raconte-t-elle au micro d'Europe 1. 

Les accidents sont rares. Toutefois, les cas qui tournent mal sont extrêmement rares. Cela peut aller de la crise de tachycardie à l'infection généralisée. Mais l'accident constaté vendredi à Rennes est en tout cas, le cas le plus grave jamais constaté en France.