Dons d'organes : les familles doivent-elles être consultées ?

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Fabienne Cosnay avec AFP , modifié à
LOI SANTÉ - Pour l'Ordre des médecins, il est impensable de passer outre l'avis des familles, comme le prévoit l'amendement voté par les députés. 

C'est un amendement qui n'en finit pas de susciter la controverse. L'Ordre des médecins a exprimé lundi son opposition à l'article voté en première lecture à l'Assemblée sur les prélèvements d'organes. Le texte, adopté par les députés le 14 avril, prévoit de donner les organes d'une personne si cette dernière ne s'y est pas opposée avant son décès en s'inscrivant dans le registre national des refus. Et ce même si la famille est contre. 

"Impensable". Une décision impensable pour l'Ordre des médecins. "L'Ordre des médecins plaide pour que le prélèvement d'organes sur une personne décédée reste subordonné à la décision de celle-ci de son vivant ou à défaut à l'assentiment de ses proches" écrit lundi le Conseil, qui entend ainsi peser sur les sénateurs avant l'examen de la loi Santé en juillet.

Dans une interview à La Croix, le Dr Jean-Marie Faroudja, qui préside la section éthique et déontologique au Conseil national de l'Ordre des médecins, fait part de son inquiétude. "Cela pourrait donner l'impression que les médecins cherchent avant tout à 'piquer' des organes, comme s'ils allaient chercher un carburateur dans une décharge pour réparer une voiture" relève-t-il, avant de juger "impensable qu'on en vienne à prélever sans rien demander à personne".

"Plus de 30% des familles refusent", souligne le docteur Kierzek :

Comment décider du don d'organe ?par Europe1fr

Ce que prévoit le texte. Le texte voté par les députés prévoit qu'à partir de 2018, le consentement au don d'organes sera présumé chez toute personne majeure décédée, sauf si son nom figure dans le registre national des refus. Ses proches seront seulement "informés des prélèvements envisagés et de la finalité de ces prélèvements" et non plus consultés, comme c'est le cas jusqu'à présent.

Ce que propose l'Ordre des médecins. Il préconise la mise en place d'un double registre, celui du non qui existe déjà et celui du oui, qui serait créé. "Ensuite si la personne n'est inscrite sur aucun des deux, on resterait dans le système actuel, celui d'un dialogue avec la famille en lui donnant la possibilité de donner son avis", précise le docteur Faroudja au quotidien.

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