Dépistons le cancer du col de l’utérus

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Marion Sauveur
La Haute Autorité de santé recommande un dépistage organisé. Aujourd’hui, il est individuel.

Après le cancer du sein et le cancer colorectal, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande aux pouvoirs publics la mise en place d'un dépistage organisé du cancer du col de l'utérus. Europe1.fr fait le point sur ce cancer.

Le cancer en chiffres. Le cancer du col de l'utérus est un cancer de la femme jeune. Les plus touchées ont 40 ans. Il touche chaque année 3.000 nouvelles femmes et en tue plus de 1.000.

Le dépistage actuel. Repérer un cancer du col de l’utérus se pratique d’ores et déjà aujourd’hui, généralement chez un gynécologue, via un frottis. Il s’agit d’un prélèvement des cellules du col de l'utérus qui sont ensuite analysées en laboratoire. Il permet de détecter les lésions précancéreuses et cancéreuses. Chaque année, 6 millions de frottis cervico-utérin (FCU) sont réalisés dans le cadre du dépistage individuel.

Etat des lieux. La HAS a identifié que 51,6% des femmes ne se font pas ou ne sont pas suffisamment dépistées aujourd’hui. Et ce, alors que 40,6% des femmes sont trop fréquemment dépistées. D’autre part, elle constate aussi "une qualité inégale des frottis" et insiste sur la nécessité d'assurer "le même niveau de qualité en tout point du territoire". Pour la Haute autorité, le dépistage individuel a "atteint ses limites".

D’autant que la HAS pointe, dans le dépistage individuel, "des inégalités sociales" et "de fortes disparités géographiques, liées à la répartition des gynécologues". Elle préconise "d'engager une réflexion sur la suppression des avances de frais ou la gratuité des tests de dépistage pour les femmes les plus modestes".

Pourquoi un dépistage organisé ? Le taux de couverture (57%) "stagne alors que la loi de santé publique fixe un objectif de 80% de femmes dépistées pour ce cancer", souligne la Haute autorité. Un taux de 80% permettrait de réduire de plus de 20% le nombre de décès, mais également de mettre en œuvre une démarche d’assurance qualité. En tout, 17,5 millions de Françaises de 25 à 65 ans sont concernées par le dépistage du cancer du col de l’utérus.

Comment s’organise ce dépistage ? S’il est mis en place, il sera proposé systématiquement à l’ensemble de la population concernée. La HAS préconise, en l'absence de symptômes, un frottis cervico-utérin tous les 3 ans, après deux frottis normaux réalisés à un an d'intervalle.

Le coût ? Selon la HAS, le surcoût global de cette campagne de dépistage est estimé à 20 millions d’euros pour l’Assurance maladie. Aujourd’hui, les coûts médicaux directs s’élèvent à 332 millions d’euros, dont 225 millions d’euros pris en charge par l’Assurance maladie.

Vers un dépistage organisé. Quatre départements - le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, l’Isère et la Martinique - ont mis en place dans les années 1990 des programmes pilotes de dépistage organisé du cancer du col de l'utérus. Ils ont ensuite été rejoints par les neuf autres départements suivants : l’Allier, le Cantal, la Haute-Loire, le Puy-de-Dôme, le Cher, l’Indre-et-Loire, le Maine-et-Loire, La Réunion et le Val-de-Marne.

La vaccination. Deux vaccins contre le cancer du col de l’utérus existent en France : Gardasil de Sanofi Pasteur MSD et Cervarix de GlaxoSmithKline. Ils ciblent les types de papillomavirus impliqués dans 70% des cancers. Ils ne s’adressent pas à toutes les femmes. Sont concernées seules les adolescentes et jeunes femmes âgées de 14 à 23 ans qui n'auraient pas encore eu de rapports sexuels.

Un exemple. Deux cancers font déjà l'objet d'un dépistage organisé et gratuit en France. Il s’agit du cancer du sein, pour lequel le dépistage est offert à toutes les femmes de 50 à 74 ans depuis 2004, et le cancer colorectal, dont le dépistage est généralisé depuis 2008 pour les hommes et les femmes de 50 à 74 ans.