Clause de conscience sur l'IVG : "Il faut que la loi soit adaptée à l'état de l'opinion"

La clause de conscience avait été fixée dans la loi de 1975.
La clause de conscience avait été fixée dans la loi de 1975. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Thibauld Mathieu , modifié à
La socialiste Laurence Rossignol fait partie des sénateurs qui ont déposé vendredi une proposition de loi pour supprimer la clause de conscience des médecins pour l’IVG. Le chef de file des gynécos, lui, y est opposé.

Les sénateurs socialistes ont déposé vendredi, à l'occasion de la journée mondiale pour le droit à l'avortement, une proposition de loi visant à supprimer la clause de conscience pour les médecins refusant de pratiquer l'interruption volontaire de grossesse (IVG). "Il faut que la loi soit adaptée à l'état de l'opinion, qui est favorable à l'IVG", justifie ainsi la sénatrice de l'Oise Laurence Rossignol (PS), au micro de Matthieu Belliard sur Europe 1.

Pour faire de l'IVG "un acte thérapeutique comme un autre". "Cette clause de conscience est le produit du rapport de forces qu'il y avait au moment de l'adoption de la loi Veil", en 1975, rappelle l'ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes. "C'est pour cela que nous considérons, 40 ans après, qu'il est temps que, comme l'opinion publique, l'ensemble du corps médical accepte enfin que l'IVG est un acte thérapeutique comme un autre, et non pas un acte de conscience."

Entendu sur europe1 :
Ce n'est pas en forçant des médecins pour qui ça pose un problème que vous allez créer de la bientraitance

Le chef de file des gynécos tient à la clause de conscience. Bertrand de Rochambeau, le président du Syndicat des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof), n'est pas vraiment de cet avis. Le chef de file des gynécos avait d'ailleurs été vivement critiqué il y a quelques semaines pour ses propos anti-IVG.

"Je ne les fais plus (les IVG), nous ne sommes pas là pour retirer des vies", avait-il alors déclaré dans l'émission Quotidien, sur TMC. "Ce n'est pas en forçant des médecins pour qui ça pose un problème que vous allez créer de la bientraitance", justifie-t-il aujourd'hui sur Europe 1. "C'est en les motivant, en organisant mieux." Et le médecin de pointer des problèmes d'organisation territoriale, ainsi qu'un manque de moyens dans les hôpitaux.

 

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Une insuffisance que reconnaît Laurence Rossignol, qui estime néanmoins que Bertrand de Rochambeau "se réfugie derrière la responsabilité de l'État pour dissimuler son propre refus personnel et militant de pratiquer l'IVG". L'ex-ministre y voit même "le symbole d'un pouvoir médical qui pense qu'il peut affronter la loi et qui considère que les études qu'ils ont faites (les médecins, ndlr) et le pouvoir médical qu'ils ont les autorisent également à contrôler le corps des femmes et à les culpabiliser".

Dans un communiqué commun, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et la secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, avaient déjà "condamné fermement les propos" du président du Syngof. "L'IVG est un droit trop souvent menacé pour lequel il convient de ne relâcher aucun effort", avaient-elles alors affirmé.