Ces huiles minérales qui contaminent nos assiettes

Les locaux de l'Anses, situés à Maison-Alfort dans la banlieue parisienne.
Les locaux de l'Anses, situés à Maison-Alfort dans la banlieue parisienne. © MATTHIEU ALEXANDRE / AFP
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Ce mardi, l'Anses a publié un communiqué alertant sur la nocivité des huiles minérales contenues dans certains cartons d'emballage. 

Les aliments vendus sous-vide nous intoxiqueraient-ils sur le long terme ? L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a rappelé ce mardi que des huiles minérales contenues dans de nombreux cartons d'emballage et considérées comme nocives se retrouvaient souvent dans nos denrées alimentaires.

Des huiles minérales parfois cancérogènes. Les emballages, mais aussi les encres ainsi que les adhésifs : selon l'Anses, ces produits contiennent de manière quasi systématique des huiles minérales.  Ces substances, issues du raffinage pétrolier, sont le fruit d’un processus chimique complexe. Parmi les huiles minérales, deux catégories sont notamment incriminées : les MOAH (mineral oil saturated hydrocarbons), ainsi que les MOSH (mineral oil saturated hydrocarbons). 

D'après l'Efsa, l’autorité européenne de sécurité des aliments, ces huiles pourraient provoquer des cas de cancer et altérer le patrimoine génétique. En 1991 déjà, une étude publiée par la revue European Food Research and Technology révélait que les denrées alimentaires contenues dans les cartons d’emballage fabriqués à partir d’huiles minérales présentaient fréquemment des substances toxiques. Parmi ces aliments contaminés : le riz et les pâtes.

Une remise en question généralisée des emballages alimentaires. L’expertise de l’Anses fait écho à de multiples avertissements lancés ces dernières années. Parmi les lanceurs d’alerte, Foodwatch fait figure de précurseur. Dans un rapport publié en octobre 2015, l’ONG internationale affirmait en effet que la moitié des aliments vendus en grandes surfaces contenait des huiles minérales toxiques. Six distributeurs, dont Carrefour et Intermarché, avaient alors pris des engagements afin de réduire la contamination de leurs produits. 

En février dernier, c’était les emballages de fast-food qui étaient épinglés par la revue médicale Environmental Science and Technology Letters. Une étude, réalisée par des chercheurs de l’Université de Notre-Dame aux États-Unis, révélait en effet que les emballages de fast-food contenaient des produits chimiques perfluorés (PFC). Selon les auteurs, les PFC, également utilisés pour les produits antitache, provoqueraient une fois ingurgités une altération de la circulation sanguine ainsi que des maladies thyroïdiennes.

Un appel à poursuivre les recherches sur les huiles minérales. Selon l’Anses, il existe une nécessité de réaliser des "études de toxicité supplémentaires" sur les huiles minérales afin d’obtenir des "données supplémentaires sur la contamination".

Pour André Picot, expert en toxico-chimie, le diagnostic est le même. Selon Le Figaro, ce dernier affirme que "le problème est qu’il n’y a que très peu d’études menées sur ces sujets".  Le besoin de données scientifiques semble urgent : sans elles, il est impossible de remédier au vide législatif qui entoure aujourd'hui les huiles minérales.