Cancer du sein : "Plus on dépiste, plus on enlève de seins", estime la radiologue Cécile Bour

Entre 2000 et 2016, le nombre des ablations du sein est passé de 17.500 à 20.000.
Entre 2000 et 2016, le nombre des ablations du sein est passé de 17.500 à 20.000. © MYCHELE DANIAU / AFP
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La présidente de l'association Cancer rose s'interroge dans le "JDD" sur le dépistage organisé du sein qui n'a pas fait baisser le nombre d'ablations mammaires. 

L'édition 2017 d'Octobre rose a été lancée mercredi dernier. Chaque année, cette période de mobilisation autour du cancer du sein, première cause de mortalité par cancer chez la femme, est l'occasion de débattre des bénéfices et des risques du dépistage. Cécile Bour, présidente de l'association Cancer rose, s'interroge dans le JDD sur le dépistage organisé du cancer du sein qui n'a pas fait baisser le nombre d'ablations mammaires. Les résultats de l'étude qu'elle a mené avec quatre coauteurs seront publiés dans le numéro d'octobre de la revue Médecine

"Mutile-t-on des femmes pour rien ?". D'après la docteure et ses collègues, le "constat est sans appel". Entre 2000 et 2016, le nombre des ablations du sein est passé de 17.500 à 20.000. En 2000, la découverte de dix cancers du sein amenait à quatre mastectomies totales, avant que le dépistage ne soit généralisé. Même constat pour l'année 2012.

Pour parvenir à ces résultats, Cécile Bour s'est plongée dans la base de données des hôpitaux et cliniques (PMSI). Elle et les coauteurs de l'étude constatent que le dépistage "n'a pas fait baisser le nombre d'interventions les plus mutilantes". Le problème : le "surtraitement". "Plus on dépiste, plus on enlève de seins ! Mutile-t-on des femmes pour rien ?", s'interroge la radiologue.

Les médecins préconisent une "meilleure information des femmes". L'étude, qui fait écho au rapport de la concertation citoyenne de 2016 appelant soit à la transformation profonde du dépistage systématique, soit à son arrêt, indique qu'un "moratoire" sur le dépistage serait possible. Mais surtout : une "meilleure information des femmes".

Pour Jérôme Viguier, directeur du pôle santé publique et soins à l'Institut national du cancer, le dépistage reste malgré tout "positif". Il admet que le surtraitement est "limité" aujourd'hui, et que les cancérologues sont désormais engagés dans une "désescalade thérapeutique". Pour Vincent Robert, l'un des coauteurs de l'étude, avec le dépistage, "un petit nombre de femmes y gagne, un autre y perd. La meilleure solution, c'est de les informer et de leur laisser le choix".