Cancer du sein : la baisse du dépistage inquiète les gynécologues et obstétriciens

En raison de doutes quand à la fiabilité du dépistage organisé du cancer, les femmes sont de plus en plus nombreuses à consulter pour la première fois à un stade avancé.
En raison de doutes quand à la fiabilité du dépistage organisé du cancer, les femmes sont de plus en plus nombreuses à consulter pour la première fois à un stade avancé. © MYCHELE DANIAU / AFP
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Mélanie Gomez avec G.D
De plus en plus de femmes sont victimes de cancers du sein à un stade déjà avancé, à cause d'un dépistage insuffisant. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens vient de tirer la sonnette d'alarme.

Pour les gynécologues, c'est du jamais vu. De plus en plus de femmes les consultent pour la première fois avec des cancers du sein déjà très avancés. Cela s'explique notamment par un dépistage insuffisant. A peine plus d'une femme sur deux âgée de 50 à 74 ans réalise une mammographie tous les deux ans. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens s'en inquiète et a tiré la sonnette d'alarme.

"Les patientes savent ce qu'elles ont." Ces dernières années, la taille moyenne des tumeurs au moment du diagnostic est passée de un à plus de deux centimètres, et parfois pire. "Ce sont de grosses tumeurs que l'on voit à l’œil nu. Elle peuvent toucher tout le sein, ulcérer la peau, entraîner des saignements. Les patientes les ont depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Elle savent évidemment ce qu'elles ont et ça, on ne le voyait pas avant", explique le professeur Carole Mathelin du CHRU de Strasbourg.

Doutes sur le dépistage organisé. Pour ces médecins, la raison est claire. Ces drames sont la conséquence des polémiques sur le dépistage organisé depuis 2013. Certains l'accusent d'entraîner trop de faux tests positifs, de surdiagnostic. Les femmes se sont donc mises à douter de l'intérêt de la mammographie.

95% de guérison pour une tumeur de moins d'un centimètre. Pour Israël Nisand, président du Collège national des gynécologues, ces doutes sont dangereux : "Quand on détecte une petite tumeur de moins d'un centimètre, la guérison se fait dans 95% des cas, et sans mastectomie. Quand on détecte une tumeur de plus d'un centimètre, il y a souvent mastectomie, souvent chimiothérapie et parfois, il n'y a pas la guérison au bout du chemin."

Ces doutes menacent aujourd'hui la vie des femmes, selon lui. Il insiste sur le fait que le dépistage organisé permet de dépister des cancers du sein à des stades précoces, qui se soignent bien. Il permettrait de sauver au moins 240 vies chaque année.