Café : bon ou pas bon, comment s’y retrouver au milieu de toutes ces études ?

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Le café est au cœur d’un interminable débat scientifique pour savoir s’il est bon ou nocif pour la santé. 

Difficile, pour un amateur de café, de s’y retrouver dans l’immense flot des études scientifiques. Deux études, menées dans dix pays européens – dont la France – ainsi qu’aux Etats-Unis et publiées lundi dans la revue américaine Annals of Internal Medicine semblent confirmer certains bienfaits attribués au café. Les consommateurs réguliers (une à trois tasses par jour) verraient ainsi diminuer leur risque de contracter une maladie cardiovasculaire, une cirrhose du foie ou encore un diabète de type 2, ce qui accroîtrait leur espérance de vie (plus de détails sur ces deux études ici).

Mais ces études, parmi les plus vastes jamais réalisées, viennent encore brouiller un peu plus les pistes sur le débat visant à savoir si le café est bon ou dangereux sur la santé. Prenons les enjeux autour des risques cardiovasculaires. Par le passé, de nombreuses études expliquaient que le risque diminuait à partir d’une consommation de quatre à six tasses par jours (de taille moyenne, d’environ 100 mg). Or, en 2015 puis en 2017, les autorités sanitaires européennes et américaines, après avoir commandé leurs propres études, fixaient la limite d’une consommation sans danger à… quatre tasses par jour ! Et voilà que ces dernières études évoquent une consommation d’une à trois tasses, sans évoquer les risques pour une consommation plus intense.

>> Comment le consommateur peut-il s’y retrouver ? Europe 1 a posé la question à Nina Cohen-Koubi, médecin nutritionniste et psychosomaticienne.

Les différentes études sur les bienfaits/dangers du café semblent parfois se contredire. Est-ce aussi votre avis ?

Ce qui me gêne dans les comptes-rendus que l’on fait habituellement de ces études, c’est que l’on ne s’intéresse jamais au profil des consommateurs. Est-ce qu’ils fument ? Est-ce qu’ils ont des antécédents de santé ? Des problèmes psychologiques ? On isole des paramètres et on essaie de savoir si le café et bon ou mauvais en lui-même. Mais la question n’est pas là. Ce qu’il faut savoir, c’est comment se positionner soi-même face au café. Quelqu’un qui a des antécédents cardiovasculaires, qui a un tempérament nerveux ou anxiogène et une hygiène de vie pas toujours très saine ne pourra pas boire autant de café qu’un consommateur ‘lambda’. Mais le café n’est pas bon ou mauvais en soi.

A-t-il tout de même des vertus avérées ?

Le café peut avoir plusieurs effets positifs, notamment au niveau intellectuel. Il stimule l’éveil, augmente la concentration et la vigilance (les effets du thé sont tout de même plus longs), il améliore le système respiratoire grâce à la théophylline, qui aide à relâcher les parois des bronches. Quant aux effets à plus long terme relatés par les études, cela dépend à mon avis des individus. Mais il ne faut pas se concentrer uniquement sur les effets positifs.

Quels sont les risques selon vous ?

Le café accélère le rythme cardiaque. Cela peut engendrer une sensation de grande fatigue mais aussi accroître le sentiment d’anxiété. Surtout, le café peut fortement perturber le sommeil. Les études montrent que l’on a besoin de minimum sept heures de sommeil par nuit. Et les effets du café mettent cinq à huit heures à s’estomper. Donc si vous buvez trop de café, et surtout trop tard, cela peut perturber le sommeil et annuler tous les potentiels bienfaits du café ! Le sommeil sert à nettoyer les toxines, à réguler le système hormonal, la tension artérielle… Si vous ne dormez pas correctement, les risques sont autant physiologiques que psychologiques.

Comment savoir quelle dose de café nous convient, si les études ne parlent que de cas généraux ?

Je pense qu’il faut se limiter à boire du café uniquement le matin. Ce n’est pas grave si l’on en boit cinq ou six par jour, mais se limiter à trois me semble une bonne moyenne, voire une limite absolue si l’on a déjà des problèmes de cœur.

Il existe quelques moyens simples de savoir quand il faut vous arrêter : est-ce que vous vous sentez excité et nerveux ? Votre débit de parole est-il élevé ? Votre cœur bat très vite ? Et surtout, rencontrez-vous des difficultés à dormir ? Si la réponse à ces questions est ‘oui’, alors vous êtes en surconsommation. Pour essayer de vous limiter, gardez bien en tête à tous les effets négatifs du café et essayez d’adopter une nouvelle habitude. L’après-midi, pourquoi ne pas petit à petit remplacer le café par de la tisane par exemple ?