Alzheimer : un malade sur deux ne serait pas diagnostiqué

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Alcyone Wemaere, avec AFP , modifié à
GRAND AGE - Plus d'un million de personnes âgées seraient touchées par la maladie mais seulement 500.000 seraient diagnostiquées.

Sous diagnostiquée la maladie d'Alzheimer ? Oui, et dans des proportions hallucinantes : selon une étude publiée mardi par Cap Retraite, aujourd'hui en France, un malade sur deux ne serait pas diagnostiqué… et par conséquent privé de prise en charge adaptée. Explications.

2 millions de malades en 2040 ? Selon Cap Retraite qui conseille les familles cherchant une place en maison de retraite pour un proche âgé en perte d'autonomie, la maladie d'Alzheimer (ou maladie apparentée) toucherait au total plus d'un million de personnes âgées… dont plus de 500.000 personnes non diagnostiquées et non prises en charge. Un nombre de malades qui, d'après les chercheurs de l'Inserm, risque de doubler à l'horizon 2040 pour atteindre les deux millions.

Une maladie sous diagnostiquée en zone rurale. Tous les territoires ne sont pas aussi efficients en matière de diagnostic. Ce sont ainsi les départements urbains du Nord, des Bouches-du-Rhône et de Paris qui diagnostiqueraient le mieux les personnes atteintes d'Alzheimer, avec plus de 30% des malades estimés effectivement pris en charge. En revanche, dans les zones rurales de la Creuse, des Deux-Sèvres ou du Gers, cette proportion tomberait à 15%.

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Les enjeux du diagnostic précoce.  "Une prise en charge précoce permettra au sujet de rester plus longtemps à son domicile, lieu par excellence à favoriser car porteur de l'histoire et de la mémoire", souligne le gériatre Hughes Bensaid, cité dans l'étude.

Un manque de places criant. Mais si l'ensemble des malades estimés étaient diagnostiqués, y aurait-il suffisamment de places pour les prendre en charge ? Non, déplore l'étude qui estime qu'il faudrait alors 20 fois plus de places en Esad pour atteindre près de 105.000 places (on compte actuellement 4,4 places en moyenne au sein de ces équipes pour 100 malades estimés), et multiplier par 10, à près de 150.000, le nombre de places en accueil de jour (7,3 places pour 100 malades estimés actuellement).

Sur ce point aussi tous les départements ne sont pas logés à la même enseigne : ainsi, la Lozère, le Vaucluse et les Pyrénées-Orientales sont les mieux pourvus en équipes spécialisées à domicile, tandis que la Seine-Saint-Denis, l'Aisne et la Meurthe-et-Moselle proposent l'offre de services la moins adaptée.

Trop peu de moyens en maisons de retraite. Pour les malades aux stades modéré ou sévère, résidant en maisons de retraite médicalisées (Ehpad), les exercices proposés par les Pôles d'activité et de soins adaptés (Pasa) sont "essentiels" pour ralentir l'évolution de la maladie (relaxation, musicothérapie, jeux stimulant la motricité ...), mais ils ne sont présents que dans un Ehpad sur six. Il faudrait en créer plus de 6.000 pour les systématiser à tous les Ehpad. Les départements les mieux pourvus sont le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence et le Loiret, tandis que ceux devant fournir le plus d'efforts sont Paris, l'Aude et le Val-d'Oise.

Au stade sévère, les Ehpad proposent des places dédiées assurant une sécurité et une prise en charge renforcées, les départements des Vosges, de Haute-Savoie et de Savoie étant les mieux équipés. Pour prendre en charge l'ensemble des malades estimés, il faudrait créer plus de 130.000 places dédiées au niveau national, selon l'étude.