Valls : la France n'accueillera "pas plus de 30.000" réfugiés

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Le Premier ministre était l'invité de l’émission Des Paroles et des Actes, jeudi soir sur France 2. Il a notamment débattu avec François Fillon.

Crise migratoire, impôts, élections régionales, Syrie et bien entendu chômage, Manuel Valls a de nombreux dossiers sur son bureau en cette rentrée. Le Premier ministre, accompagné de l'intégralité (ou presque) de son gouvernement, a accepté de s’exprimer sur tous ces sujets dans l’émission Des Paroles et des Actes, jeudi soir sur France 2. Europe 1 vous résume l'essentiel de la soirée.

• "Nous ne pourrons pas accueillir tous ceux qui fuient la dictature en Syrie"

La France s’est engagée sur un quota de 30.000 réfugiés à accueillir sur son sol. Mais s’il faut aller au-delà, comme cela est pressenti, est-ce que la France sera en capacité ? "La Commission européenne a proposé des centres d'accueil de 160.000 demandeurs d'asile. La France (...) a proposé d'en accueillir 30.000. Et ce ne sera pas plus. Le droit d’asile est un droit international, un droit constitutionnel, inscrit au cœur même des valeurs de notre pays, mais en même temps, nous ne pourrons pas, en Europe, accueillir tous ceux qui fuient la dictature en Syrie. C’est la raison pour laquelle il faut s’organiser et s’attaquer à la source des problèmes. La France doit faire preuve de solidarité, d'humanité, de générosité, mais aussi de maîtrise et de responsabilité". Interrogé sur le cas de ceux qui seront refoulés du droit d'asile, Manuel Valls l'a assuré, "bien sûr, ils seront reconduits à l'extérieur".

Et le Premier ministre d’ajouter : "nous devons préserver l’espace Schengen mais pour qu’il soit viable, il faut des frontières qui soient protégées. L’Union européenne a le droit d’avoir des frontières !"

• "Nous réussirons le pari du chômage !" 

Après une stabilisation en juin et une baisse en juillet, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi en catégorie A - c'est-à-dire sans aucune activité dans le mois - repart à la hausse, avec 20.000 personnes en plus au mois d’août par rapport au mois de juillet, soit une augmentation de 0,6 %. "Ce sont de mauvais chiffres. Pourquoi le chômage stagne ? Parce que la croissance n’est pas suffisamment forte, c'est pour ça que nous réformons. Il y a des progrès, il y a des changements, nous créons de l'emploi, c'est nouveau : 34.000 emplois créés depuis un an", a-t-il souligné. 

"Le climat des affaires s'améliore, les marges des entreprises se reconstituent, la confiance des ménages est au rendez-vous, nos exportations sont à la hausse. Et puis le CICE et le pacte de responsabilité marchent à plein régime", a-t-il fait valoir. "Mais ce n'est pas suffisant, c'est pour cela qu'il faut davantage se mobiliser, davantage réformer, se demander pourquoi il y a 300.000 emplois qui ne sont pas pourvus", a-t-il poursuivi.

• "Le code du travail, il faut le revoir"

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Interrogé dans le public sur la "précarisation généralisée" du marché du travail, Manuel Valls assure qu'il faut "le revoir". "Nous voulons donner des droits aux salariés. Nous devons assouplir notre économie, notre code du travail, en donnant des droits aux salariés et en faisant bouger nos entreprises. Le code du travail, il faut le revoir. Ce que nous voulons faire, après les consultations avec les partenaires sociaux, c’est une loi pour être au plus près des attentes des salariés et des employeurs. Il y a 300.000 emplois qui ne sont pas pourvus dans notre pays, et c’est à cause de la rigidité de notre droit du travail !"

• "Macron, c’est une chance pour le gouvernement"

Depuis qu’il s’est installé à Bercy, Emmanuel Macron a plusieurs fois crée le trouble à gauche, que ce soit sur les 35 heures ou le statut des fonctionnaires. Ce qui a poussé Martine Aubry a poussé un coup de gueule, mercredi. Manuel Valls a défendu son ministre bec et ongle : "Macron, c’est une chance pour le gouvernement. Nous avons la chance d’avoir une nouvelle génération : El Khomri, Vallaud-Belkacem, Macron. Je préfère avoir des gens qui ont des convictions. Une équipe gouvernementale, c’est aussi un pacte, où chaque ministre défend la politique gouvernementale. Sa mission était de faire voter une loi qui libère les énergies de notre pays. Ça n’a pas été facile. Les qualités de Macron sont un atout pour le gouvernement".

• "Fonctionnaire n'est pas un mot en l'air"

Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, a jugé que le statut des fonctionnaires n’est "plus adéquat", ni "justifiable". Une sortie qui avait heurté nombre de ses camarades socialistes. François Hollande avait aussitôt déminé en assurant être "attaché" au statut de fonctionnaire. Manuel Valls en a fait de même, appelant à écrire "un contrat social fidèle à ce que nous sommes, c'est-à-dire aussi attaché au statut des fonctionnaires. Le statut de la fonction publique, il peut évoluer, mais fonctionnaire n'est pas un mot en l'air". Et le Premier ministre d’ajouter : "les Français veulent moins de fonctionnaires mais plus d'enseignants".

 

• "Bachar El Assad a été convié par Nicolas Sarkozy un 14 juillet 2008"

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Après avoir répondu aux questions de François Lenglet, spécialiste des sujets économiques, et de quelques Français présents sur le plateau, Manuel Valls a débattu avec François Fillon. "Vous défendez avec fermeté une politique molle et sans issue. Depuis 2012, la situation du pays s'est dégradée sur le plan du chômage, des impôts, d'un point de vue de la cohésion sociale, ce qui explique la montée du Front national."", a attaqué l’ancien Premier ministre.

Réplique de l’actuel locataire de Matignon : "En Allemagne, au moment où Gerhard Schröder mettait en oeuvre une série de réformes, vous ne les faisiez pas, vous étiez alors au gouvernement". Quant aux critiques de François Fillon sur la question des réfugiés et notamment sur l’absence de dialogue avec le régime de Damas, Manuel Valls a tenté de lui rafraichir la mémoire "Je veux rappeler que c'est Nicolas Sarkozy président, vous Premier ministre et Alain Juppé ministre des Affaires étrangères, qui avez coupé les liens en rappelant l'ambassadeur de France en Syrie". Et d'ajouter : "Bachar El Assad a été convié par Nicolas Sarkozy un 14 juillet 2008".