Valérie Rabault : "La LME a donné les clés de la négociation à la grande distribution"

  • Copié
M.S. , modifié à
Valérie Rabault, députée socialiste du Tarn-et-Garonne, a évoqué le rôle de la grande distribution et de l'UE dans la crise agricole.
INTERVIEW

La députée socialiste Valérie Rabault veut réformer la loi LME de 2008 pour aider les agriculteurs. "Elle a donné les clés de la négociation à la grande distribution. Est-ce que vous connaissez beaucoup de professions en France qui accepteraient de vendre leur production sans en connaître le prix ? Cette négociation doit être mise sur la table avec une réforme de la LME", a-t-elle plaidé dimanche dans le Grande rendez-vous Europe 1-Le Monde-i-Télé. La réforme de la LME, invoquée samedi par François Hollande, créée pour "favoriser le consommateur", doit selon "prendre en compte le prix de revient dans la négociation avec les producteurs, les distributeurs et toute la chaîne de transformation".

"Il faut que l'Europe se ressaisisse". Deux questions se posent selon elle dans la crise agricole : "la négociation des prix" et "l'organisation de la filière agricole en Europe". "Il faut que l'Europe se ressaisisse", explique-t-elle. Elle estime que l'UE ne doit pas se contenter de subventionner l'agriculture avec la Pac (politique agricole commune), mais organiser le marché et appliquer les mêmes règles à tous. Sur ce dernier point, elle faisait référence à l'interdiction de certains pesticides, qui pénalisent la production des pays qui l'appliquent par rapport à ceux qui ne l'appliquent pas. 

L'élue s'en est également prise à Lactalys, qui est le premier acheteur de lait en Europe. Elle s'est indignée que l'entreprise française ne publie pas ses comptes annuels. "C'est une disposition qui existe (et qui est légale, ndlr), mais qui, je crois, est indécente quand on veut mener des négociations." Elle a eu accès à ces comptes en tant que rapporteure du budget, mais n'en a pas dévoilé le contenu. Elle a seulement évoqué les crédits d'impôts et les résultats de l'entreprise. Et de conclure : "Je dis aujourd'hui qu’avec le prix du lait tel qu’il est payé, un agriculteur ne peut pas vivre".