Une campagne présidentielle de plus en plus délétère

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Antonin André, chef du service politiuqe d'Europe 1 , modifié à
Le climat se tend autour des principaux prétendants à la présidence de la République. François Fillon, Marine le Pen et Emmanuel Macron, pour des raisons différentes, suscitent de la colère.

Il y a quelque chose de pourri dans cette campagne. Avec une colère qui monte, et qui s’exprime quasi quotidiennement : sifflets et contre manif pour Marine Le Pen en meeting dans le Jura, déplacements systématiquement perturbés par des concerts de casseroles pour François Fillon, et enfin Emmanuel Macron pris à partie à Carpentras après ses propos sur la colonisation. Bien sûr, il ne faut pas tout mélanger, les propos d’Emmanuel Macron sur la colonisation ou sur la Manif pour tous, n’ont rien à voir avec l’affaire d’emplois présumé fictifs de Penelope Fillon, pas plus que le rejet toujours vif que suscite Marine le Pen dans une partie de l’électorat.

Le ras-le-bol des Français. Pourtant, le résultat est à chaque fois le même : une colère adressée directement, parfois violemment, aux principaux intéressés, avec aussi le sentiment que les politiques n’apportent pas de réelles solutions aux problèmes des Français. De surcroît, ressort l’impression qu’ils profitent du système – y compris Marine Le Pen avec ses assistants au Parlement européen – et qu’ils montent les Français les uns contre les autres au lieu de les rassembler.

Pas de candidat providentiel. Nous ne sommes pas dans un climat d’insurrection populaire, mais la défiance à l’égard des politiques est au cœur de la campagne, celui qui sera désigné sera le moins pire, le moins rejeté, pas le plus attendu ni le plus désiré. Et non, le rassemblement ne se fera pas en 24 heures, au lendemain du second tour. La meilleure illustration c’est le cas François Fillon, soutenu par son camp : 70% des seuls sympathisants les Républicains veulent qu’il aille au bout, mais 65% des Français ne le souhaitent pas, selon l’IFOP pour le JDD. Comment rassembler avec un tel niveau de rejet ?

Le défi du rassemblement. Candidats, candidates ne vous y trompez pas : aucun d’entre vous n’échappera à un travail de chirurgie méticuleux, fastidieux et incertain pour suturer les plaies d’une campagne présidentielle qui tient plus de la boucherie que du débat d’idées. Pas même Emmanuel Macron qui est revenu sur terre après avoir marché sur l’eau. Et bien sûr, sans cet indispensable rassemblement, aucune chance pour le nouvel élu de réformer le pays.