Traité européen : il faut éviter le clash

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Fabienne Cosnay et Alexandre Kara , modifié à
Ayrault ne cesse d’appeler à la solidarité. En coulisses, le ton se fait plus menaçant.

Pour le gouvernement, le sujet est explosif. Le Conseil des ministres a examiné mercredi le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) de la zone euro. Or, le texte divise profondément la majorité, ravivant la fracture du référendum sur le traité constitutionnel en 2005. Le PS est majoritairement pour mais son aile gauche y est opposée tout comme une partie des écologistes. Quant au Front de gauche, il milite activement pour un référendum sur la question.

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Le texte sera adopté… avec les voix de la droite

En l’état actuel des discussions, le projet de loi relatif au pacte budgétaire n’a donc aucune chance d’être voté grâce aux seules voix de la majorité. A l’Assemblée nationale, les députés d’Europe-Ecologie-Les Verts devraient voter contre ou s’abstenir. 15 à 22 députés socialistes feront de même. Le gouvernement aura donc besoin des radicaux de gauche pour faire voter le texte. Au Sénat, le scénario est encore plus sombre. Car le gouvernement Ayrault devra compter sur les voix de la droite pour espérer l’adoption du traité européen.

Un mot d’ordre : RESPONSABILITÉ

Juste avant l’examen du texte en Conseil des ministres, Jean-Marc Ayrault a encore appelé les députés et sénateurs récalcitrants qui refusent de voter le texte à être "solidaires" avec l'action du président. "Mon objectif, c'est de les convaincre", a-t-il affirmé sur RTL. "Ce que je souhaite, c'est que les parlementaires qui ont soutenu François Hollande, qui sont d'ailleurs devenus députés grâce à son élection, comprennent que maintenant ce qui compte c'est d'être solidaires avec son action", a expliqué le chef du gouvernement.

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"Les parlementaires doivent prendre leurs responsabilités. Ce n’est pas un jeu tactique. "Plus le vote sera fort, plus la voix de la France sera forte, plus nous pourrons continuer à travailler à la réorientation de l'Europe", a encore martelé le Premier ministre, après la tenue du Conseil des ministres.

En coulisses, le ton se fait plus menaçant

Le gouvernement tente d’éteindre la contestation, en usant de la politique de la carotte et du bâton. Un député est réfractaire au texte ? On lui suggère de changer d’avis s’il veut se voir attribuer un poste dans telle ou telle commission. Un ministre a même menacé de démissionner de l’Assemblée pour provoquer une législative partielle et donc éjecter son suppléant du Palais Bourbon. Ambiance…

Pour s’acheter la "paix sociale" des députés à la gauche du PS, ces derniers se sont vus proposer un certain nombre de postes à Solférino, lors des négociations pour la succession de Martine Aubry. Le deal ? Ils peuvent continuer à faire campagne contre le traité… mais en toute discrétion.