Tarantino : un pastiche pas top

  • Copié
Administrator User , modifié à
Quentin Tarantino est l'un des chouchous du Festival de Cannes et chacun de ses films, qu'il soit en compétition ou pas, est attendu comme le Messie sur la Croisette mais le dernier opus du réalisateur de "Kill Bill" est loin d'enthousiasmer la critique.

En lice pour la Palme d'or, "Boulevard de la Mort - Un film Grindhouse" évoque directement ces cinémas "grindhouse" qui diffusaient dans les années 60 et 70 des films à très petit budget et exploitant des thèmes plutôt tabous à l'époque, comme le sexe explicite, la violence crue, la pornographie. Lors de la conférence de presse donnée mardi, Quentin Tarantino a défendu ce genre cinématographique qu'il affirme avoir voulu "transcender". Le réalisateur de "Jackie Brown" continue ainsi de faire des films se nourrissant du terreau de la "sous-culture", comme l'équivalent américain du roman de gare pour "Pulp Fiction", Palme d'or en 1994, ou le manga pour les deux volets de "Kill Bill". "Boulevard de la Mort" est aussi une variation libre sur le genre "slasher", ces films d'horreur où un fou furieux s'amuse à découper en rondelles ses prochains - de préférence des teenagers - avec tout objet tranchant, perçant, contondant, lui tombant sous la main. "Je voulais faire un film slasher mais ce genre est devenu tellement rigide que les films finissent par tous se ressembler", a-t-il expliqué. "J'ai essayé de faire autre chose, à partir de la structure de ce type de film." L'objet coupant est une grosse voiture, une Dodge Charger, conduite par un ancien cascadeur bien frappé - Stuntman Mike - interprété par Kurt Russell. Pour une raison que l'on ne connaîtra jamais, ce monsieur n'apprécie les jeunes filles particulièrement sexy que lorsqu'elles ont été passées au hachoir. De fait, quatre d'entre elles seront réduites en bouillie (leur voiture avec) quand il leur foncera dessus avec son monstre, poussé par une folie à ce point meurtrière que lui-même se retrouvera à l'hôpital. Mais il s'en tire. Malheureusement pour lui, lorsqu'il décide de faire l'imbécile quelques temps plus tard en prenant en chasse quatre autres nénettes qui conduisent un autre monstre, une Dodge Challenger, il va tomber sur un très gros os. Le film de Tarantino est en fait l'un des deux volets d'un diptyque appelé "Grindhouse". L'autre partie, "Planète Terreur", a été réalisée par son vieux complice Robert Rodriguez. Le cinéaste a amené à Cannes une version spécialement montée et enrichie pour le Festival ; elle comporte notamment une scène de danse lascive qu'offre au cascadeur l'une de ses futures victimes. Selon le producteur Harvey Weinstein, Rodriguez pourrait montrer son propre volet lors de la Mostra de Venise, en septembre. Le film de Tarantino, dans sa version cannoise, dure un peu plus de deux heures. Les scènes d'action, dont la longue scène de poursuite finale, ne doivent guère dépasser les vingt minutes au total. Tout le reste est rempli à ras bord de dialogues, surtout entre filles, qui deviennent rapidement lassants. Aux Etats-Unis, le film n'a pas non connu le succès escompté. "Boulevard de la Mort" sortira en France le 6 juin.