Strasbourg : les victimes de Pourtalès s'en prennent à la municipalité

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Administrator User , modifié à
Les victimes et parents de victimes de la catastrophe du parc de Pourtalès à Strasbourg ont laissé éclater leur ressentiment vis-à-vis de la municipalité mardi au deuxième jour du procès qui se déroule devant le tribunal correctionnel. La chute d'un platane centenaire sur le public d'un spectacle en plein air avait fait 13 morts et 97 blessés dans le parc municipal en juillet 2001. L'affaire est jugée jusqu'au 13 février.

"Quand on est une personne publique, que des gens votent pour vous, que ces gens vous confient un mandat de confiance et que vous n'êtes pas à la hauteur de cette confiance, la moindre des choses, c'est de reconnaître qu'on n'est pas à la hauteur", a dit Yveline Klut entre deux sanglots devant le tribunal correctionnel de Strasbourg. Cette femme, qui a perdu sa mère et un neveu dans la catastrophe du parc de Pourtalès qui a fait 13 morts en 2001, réagissait au refus de la ville d'admettre sa responsabilité dans l'accident qui lui vaut de comparaître, en tant que personne morale, pour homicides et blessures involontaires. Un platane haut de 40 mètres avait été déraciné par une mini-tornade et s'était écrasé sur des spectateurs qui s'étaient réfugiés sous une tente pour se protéger des intempéries. Lundi, l'avocat de la ville a imputé à l'association organisatrice du concert des "Yiddishe Mamas and Papas" le fait de n'avoir pas annulé cette manifestation, inscrite au programme de son " Eté culturel ", en dépit des prévisions alarmistes de Météo France. C'est "difficile à entendre" pour Fabien Boucheron, qui a perdu son père, régisseur de spectacle et spectateur ce soir-là. "Aucune consigne efficace à respecter en cas de mauvais temps, où est le sérieux alsacien", s'est exclamé Yves Gilger, qui avait préféré rédiger son texte pour évoquer la mort de Solenne, sa fille âgée de 12 ans le 6 juillet 2001. "J'étais en confiance totale. Ce n'était pas un groupe de jeunes qui organisait quelque chose au fond d'un garage", a renchéri Alain Lescure avant de raconter comment il avait repris connaissance, la colonne vertébrale fracturée, avec à ses côtés, "des enfants qui gémissaient et une femme qui avait la boîte crânienne défoncée". "Ca m'a pris quatre ans pour récupérer une vie et des conditions de vie normales", a ajouté cet enseignant. "J'ai beau être croyante, je n'arrive pas à pardonner", a dit son épouse, Claude Bouly, harpiste habituée aux scènes internationales, que quatre fractures à la colonne vertébrale ont contraint au métier de vendeuse de harpes. Dans son fauteuil roulant, Roland Gonzalez a prévenu d'emblée qu'il n'évoquerait pas la question des responsabilités mais a dit son "impossibilité à accepter" sa nouvelle situation lors de la deuxième journée d'audience d'un procès qui se poursuit jusqu'au 13 février.