Sondages vs Filteris : les instituts ont gagné une bataille (et s'en félicitent)

François Fillon
François Fillon n'a pas bénéficié du "vote caché" que Filteris lui promettait. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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B.V. , modifié à
Les sondeurs n'ont pas manqué de moquer Filteris, dont les études faisaient de François Fillon l'homme fort du premier tour de l'élection présidentielle. L'agence canadienne reconnaît qu'elle "n'a pas atteint le degré de précision escompté".

Vendredi, l’agence Filteris reprenait sur Twitter l’interrogation formulée par La Tribune : "le big data donne Fillon au second tour, pas les sondages. Qui aura raison ?" Dimanche, les urnes ont répondu, le candidat Les Républicains devant se contenter de la troisième place du premier tour de l'élection présidentielle, et les instituts de sondages n'ont pas manqué de célébrer cette "victoire" face aux agences qui ont surfé sur des analyses alternatives.

La petite vengeance des sondeurs. Ifop, Ipsos, Odoxa… Chacun y est allé de son commentaire désobligeant envers le Canadien Filteris, chouchou des fillonistes qui rêvaient d'un "vote caché" pour leur champion en s'appuyant sur des évaluations de "poids numérique" qui ont placé François Fillon au-dessus de la mêlée pendant l'essentiel de la campagne. Critiqués pour leurs prédictions sur le Brexit, Donald Trump ou lors des primaires à l'élection française, les sondeurs tiennent leur revanche et la célèbrent à coups de hashtags et gifs moqueurs (l'Ifop a supprimé son gif tiré du film The Big Lebowski adressé à Filteris).

Macron annoncé en 4e position. Filteris prétendait pourtant bousculer les méthodes de mesure de l'opinion, fort d'un premier coup retentissant : à l'automne, cette agence d'analyse big data avait annoncé la victoire de François Fillon dans la primaire organisée par Les Républicains. La société canadienne s'appuie pour cela sur le "poids numérique des candidats". La notion et son calcul restent volontairement flous mais Filteris l'assurait : elle devait être directement corrélée aux intentions de vote. En 2012, l'agence canadienne elle-même comparait directement les niveaux de "BuzzPol" attribués aux candidats et les résultats du premier tour et se félicitait de ses résultats.

Cinq ans plus tard, les prédictions ont fait flop. Dans les enquêtes Filteris, Emmanuel Macron n'était à peu près jamais en position de se qualifier pour le second tour de la présidentielle, qu'il aborde désormais en favori. Le candidat En Marche! était annoncé comme le troisième homme de cette présidentielle, et même devancé de 1,3 point par Jean-Luc Mélenchon dans la dernière étude Filteris, publiée vendredi à 23h50.

"Écart moyen de 1,07%". Après les résultats, Filteris reconnaît qu'elle "n'a pas atteint le degré de précision escompté". Elle relève "un écart moyen de 1,07%" entre ses dernières mesures et les résultats publiés par le ministère de l'Intérieur (de 0,13 pour Jacques Cheminade à 3,83 pour Emmanuel Macron). L'agence assure également qu'elle a observé des évolutions de poids politique au fil du week-end, entre la publication de ses dernières données et les résultats du premier tour.

Et au deuxième tour ? A l'inverse, les instituts de sondages se félicitent d'avoir placé le duo Macron – Le Pen une courte tête devant Jean-Luc Mélenchon et François Fillon. Les derniers sondages publiés vendredi, qui n'avaient plus beaucoup bougé depuis une semaine, donnaient Emmanuel Macron entre 23 et 24%, Marine Le Pen entre 22 et 23%, François Fillon entre 19 et 21%, Jean-Luc Mélenchon entre 18 et 19,5%. Filteris comme les sondeurs avaient senti un même décrochage de Marine Le Pen dans les derniers moments de la campagne et annoncé l'effondrement du candidat socialiste.

L'agence canadienne ne se décourage pas pour autant. Elle a publié lundi à la première heure une première étude du duel entre Emmanuel Macron, évalué à 59,87%, et Marine Le Pen, créditée de 40,13% au lendemain matin du premier tour. Ce rapport de force est similaire à celui posé par les instituts de sondage, qui donnent également une net avantage au candidat En Marche! face à la présidente du Front national.

 

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