Sarkozy joue l'apaisement après les propos de Rama Yade sur Kadhafi

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Lundi matin, Rama Yade a fait des déclarations fracassantes sur la visite du colonel Kadhafi en France dans une interview au Parisien, déclenchant une vive polémique dans les rangs même de l'UMP. Dans la matinée, la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme était reçue à l'Elysée. Pas question de démissionner pour autant, a-t-elle ensuite fait savoir sur Europe 1 à midi. Plus tard dans la journée, Nicolas Sarkozy lui a publiquement renouvelé sa confiance.

"Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort", a déclaré RamaYade, la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, dans une interview au journal Le Parisien. "Ce qui me dérange, c'est qu'il arrive un jour de célébration des droits de l'homme", explique la secrétaire d'Etat. "Je serais encore plus gênée si la diplomatie française se contente de signer des contrats commerciaux, sans exiger de lui des garanties en matière de droits de l'homme. C'est un devoir : la France n'est pas qu'une balance commerciale."

A la suite de ces propos fracassants, Rama Yade a été reçue dans la matinée à l'Elysée pour s'expliquer sur le sujet. Jointe par Fabien Namias pour Europe 1 après cet entretien, la jeune femme s'est livrée à une petite explication de texte : "ce que je voudrais c'est que ma position ne soit ni résumée, ni caricaturée (...) je dis et je redis que je ne suis pas hostile au principe de sa visite et je dis clairement que puisque la visite de M. Kadhafi tombe le jour des droits de l'homme, le symbole pouvait être utilisé pour encourager la Libye à poursuivre ses efforts". Pas question pour autant de démissionner : "on ne déserte pas en rase campagne", a répondu la secrétaire d'Etat à ce sujet. "Surtout quand on est engagé au côté d'un homme qui vous a promue à 30 ans secrétaire d'Etat d'un gouvernement, surtout quand on est auprès d'un homme qui est devenu président, après l'avoir soutenu en tant que candidat pendant des mois, si ce n'est des années."

Plus tard dans la journée et alors qu'il venait de rencontrer Mouammar Kadhafi, Nicolas Sarkozy a publiquement réaffirmé sa confiance en sa secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme. "Vous savez la confiance et l'amitié que j'ai pour Rama Yade qui, il se trouve, était à mes côtés à Tripoli lorsque la France a indiqué au président Kadhafi qu'elle le recevrait en France après la libération des infirmières", a déclaré le président à la presse. "Rama Yade a confirmé par ailleurs depuis combien elle était en accord avec les principes de cette visite", a ajouté le chef de l'Etat. "Par ailleurs, elle est secrétaire d'Etat au Droits de l'Homme et c'est parfaitement normal qu'elle assure une conviction sur le sujet, que par ailleurs je partage et que j'ai rappelée au président libyen", a poursuivi Nicolas Sarkozy.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait estimé auparavant que la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme était dans son rôle en critiquant la visite du leader libyen Mouammar Kadhafi : elle "a raison de parler ainsi, c'est ce que je lui demande". Mais le chef de la diplomatie française a plaidé pour le pragmatisme. Au PS, Pierre Moscovici a déclaré avoir de la sympathie pour ce que dit la secrétaire d'Etat : "au fond, elle donne une gifle à Nicolas Sarkozy", a souligné le président de la Commission d'enquête parlementaire sur la libération des soignants bulgares de Libye. François Bayrou a estimé de son côté que Rama Yade et Bernard Kouchner devaient "mettre leurs actes en accord avec leurs paroles" contre la venue du colonel Kadhafi en France et a indiqué qu'il n'irait "sûrement pas" à la réception du leader libyen à l'Assemblée nationale. L'UMP Patrick Ollier, président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, a jugé "inacceptables" les déclarations de Bernard Kouchner et Rama Yade. "Je pense qu'il est regrettable que des membres du gouvernement fassent des déclarations qui vont à l'encontre de la politique voulue par Nicolas Sarkozy", a insisté le député des Hauts de Seine sur Europe 1.