Sarkozy, à droite toute

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avec AFP , modifié à
Menacé à sa droite par Marine Le Pen, le futur candidat dévoile ses grands axes pour 2012.

Distancé dans les sondages par François Hollande et menacé à sa droite par Marine Le Pen, le président sortant, candidat pas encore déclaré, accélère le pas cette semaine. Dans une interview au Figaro magazine publiée samedi, Nicolas Sarkozy établit les grandes lignes de son futur programme.

Recours accru au référendum - un thème de campagne de Marine Le Pen -, refus du mariage homosexuel et du droit de vote des étrangers hors UE, durcissement des règles sur les titres de séjour et les demandeurs d'asile... le chef de l'Etat multiplie les clins d'oeil en direction de la droite de la droite, au risque de se couper de la sensibilité centriste de sa majorité.

L'UMP s'inquiète

"Il veut reprendre pied dans l'électorat de 2007 qui a été déçu et récupérer 5 ou 6 points pour retrouver les 31% du premier tour il y a cinq ans. Il s'inscrit clairement dans une stratégie compatible avec l'éventuelle absence de Marine Le Pen de la présidentielle", décrypte un haut responsable de l'UMP, très sceptique sur ce virage.

"Il s'inscrit même à rebours de ce qu'il a fait pendant le quinquennat... Sarkozy a vanté le dialogue social et il 'squeeze' les partenaires sociaux en annonçant un référendum sur l'indemnisation du chômage", déplore cet élu.

Le pari tenté par le président inquiète certains à droite. "Ce référendum sur le droit des étrangers est une faute contre l'éthique républicaine et la morale chrétienne. C'est diviser les Français, remettre en cause le bien-vivre ensemble", dénonce un proche de François Fillon, Etienne Pinte (UMP), qui ne se prononcera pour la présidentielle qu'après avoir "pris connaissance du programme" de Nicolas Sarkozy.

La Droite populaire acquiesce

A l'inverse, la Droite populaire, l'aile droite de l'UMP, se réjouit, tel Christian Vanneste, de ce "retour aux fondamentaux de la droite traditionnelle" après des "flottements". Sur le refus du mariage homosexuel notamment, "il fait le bon choix. Dommage qu'on ait fait tous ces clins d'oeil au lobby gay pendant le quinquennat...", note-t-il. "C'est le retour aux valeurs", approuve le ministre des Transports, Thierry Mariani, chef de file de la Droite populaire.

Rupture avec le Centre ?

"Attention ! A trop chasser sur les terres populistes, ce sera la rupture avec l'électorat centriste humaniste", a aussitôt tweeté l'ex porte-parole adjoint de l'UMP, Dominique Paillé, qui a rallié le Parti radical de Jean-Louis Borloo. "Ce n'est pas un projet de société mais un virage très dangereux", a-t-il dit.

"Consterné", l'ex-ministre Azouz Begag, proche de Dominique de Villepin, y voit "l'institutionnalisation de la xénophobie au plus haut sommet de l'Etat". "Essayer d'hameçonner les électeurs du FN, c'est l'ultime cartouche qui reste à Sarkozy. Mais c'est peine perdue, il est mort. Il réussira juste à pourrir davantage les valeurs républicaines de ce pays", dénonce l'élu lyonnais.

Il prend au sérieux la menace FN

Pour le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, l'interview de Nicolas Sarkozy prouve qu'il "semble prendre très au sérieux la menace du FN". "Il veut couper l'herbe sous le pied du Front national".

A ses yeux, ce n'est pas un hasard si le chef de l'Etat prend l'exemple des "cantines scolaires halal" et des "piscines réservées aux femmes" pour mettre en garde contre le droit de vote des étrangers. "Il parle d'une immigration extra-communautaire bien précise".

Est-ce une stratégie efficace ? "Si Marine Le Pen n'a pas ses parrainages, ça peut marcher. Si elle les a, elle risque de les obtenir avec un coup de pouce ou 'ric-rac', et elle sera un peu fragilisée. Sa stature de présidentiable en sera affaiblie", juge Jean-Yves Camus.