Quand les présidents de région bondissent à la vue des comptes de leurs prédécesseurs

Nouvelles régions...mais d'anciens boulets à gérer en terme de budget.
Nouvelles régions...mais d'anciens boulets à gérer en terme de budget. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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A.D et Salomé Legrand , modifié à
Trous de trésorerie, manque d'investissements et choix discutables... A l'analyse des comptes de leurs prédécesseurs, les nouveaux présidents de région déchantent.

Les nouveaux présidents de région se sont installés depuis quelques semaines et s'intéressent de près aux comptes de leurs prédécesseurs. En cette période de rigueur budgétaire à tous les étages, les mauvaises surprises sont souvent au rendez-vous. En début de semaine, le président socialiste de la grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes dénonçait ainsi une dérive financière avec 132 millions d'impayés. Des exemples fleurissent un peu partout.

Besoin de remises aux normes. Dans le Grand Est, Philippe Richert, le nouveau président Les Républicains, se retrouve avec deux boulets. D’abord les trains transfrontaliers, qui appartiennent à la Région, doivent être remis aux normes d’ici 2019 sous peine de ne plus pouvoir passer par le Luxembourg. Problème : il faut cinq ans pour réaliser les travaux, il n’en reste plus que trois. Mais surtout la remise en état devrait coûter 25 millions d’euros budgétés nulle part. Son prédécesseur le socialiste Jean-Pierre Masseret confirme n'avoir rien prévu car pour lui c'était à l'Etat et la SNCF de financer les travaux. "Il y avait un contentieux là-dessus", balaie-t-il.  

L’autre boulet, c’est l’aéroport fantôme de Paris-Vatry dans la Marne, sous perfusion des collectivités locales. Fort de la plus grande tour de contrôle d’Europe et de 250 millions d’euros investis, il n'affiche au mieux que cinq vols par jour, parfois zéro. "Il va falloir lui trouver une utilité", souffle l’entourage du nouveau président de région qui vient de s’engager à une subvention d’1,5 million d’euros

Facture du festival de Cannes. Autre exemple en Ile-de-France, l’entourage de Valérie Pécresse dénonce "une gabegie à tous les étages" après 17 ans de présidence socialiste. En 2015, 6 élus et 17 agents de la région sont allés au Festival de Cannes. Facture : 70 000 euros. La passion du cinéma ne s’arrête pas là. En avril, la région organise le festival du film de l’environnement. Un budget de 500.000 euros pour 12.000 spectateurs attendus. Des choix que Jean-Paul Huchon, l'ancien président socialiste de la région, assume totalement. Il s’étonne que la délégation soit aussi nombreuse mais affirme que la région Ile-de-France est la première du pays à financer le cinéma, la deuxième entité après le Centre national du cinéma. "Cela favorise l’organisation des tournages et ça représente 10.000 emplois", détaille le socialiste.

Autre reproche, le centre d’appel Jeune violence écoute. Un marché public d’1 million d’euros l’an dernier pour une dizaine d’appels par jour. "Il remplit une mission de service public", martèle Jean-Paul Huchon, tandis que "l'école des parents" qui gère le numéro depuis 16 ans précise que les appels durent parfois plusieurs heures et que les équipes réalisent aussi de la prévention dans les lycées.