Privatisation de la FDJ : "Les jeux, ce n'est pas une marchandise comme les autres", avertit Eckert

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Pour Christian Eckert, l'ancien secrétaire d'État au Budget, la bonne santé de la Française des jeux ne justifie pas sa privatisation, prévue par la loi Pacte.
INTERVIEW

Le projet de loi Pacte - pour Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises - est présenté lundi en Conseil des ministres. Si ce texte a pour ambition de renforcer l'économie française, beaucoup de dispositions font déjà polémique, à commencer par la privatisation de plusieurs entreprises publiques, comme la Française des jeux. "Les jeux, ce n'est pas une marchandise comme les autres : l'addiction, la politique envers les jeunes, le blanchiment. Il y a des risques que chacun connaît. C'est à l'Etat de réguler et le meilleur moyen de réguler c'est d'être propriétaire", s'agace au micro d'Europe 1 Bonjour Christian Eckert, l'ancien secrétaire d’Etat au budget.

"Pourquoi on privatise ?" "Des entreprises stratégiques qui marchent bien […] je ne vois pas au nom de quoi et pour quel objectif on pourrait les céder à des intérêts privés", relève celui qui a travaillé à Bercy en compagnie d'Emmanuel Macron sous le quinquennat de François Hollande. "Pourquoi on privatise ? Soi-disant pour faire un fond permettant d'investir dans d'autres domaines. Mais il en existe plein : la Banque publique d'investissement a des fonds dédiés à ça, la Caisse des dépôts et consignations a des fonds dédiés à ça, et quand bien même il faudrait de l'argent, aujourd'hui il n'est pas cher", ajoute encore ce socialiste.

Une politique qui favorise "l'intérêt particulier". "La Française des jeux, c'est une société qui marche bien. Le monde entier venait voir comment fonctionnait la FDJ, ce qui contredit l'idée reçue que les entreprises à majorité publique ne fonctionnent pas bien. C'est une entreprise qui marche, qui est rentable, qui est moderne", insiste encore l'ex-député de Meurthe-et-Moselle. Il rappelle que la privatisation de le FDJ avait déjà été envisagée en 2015 par le ministre de l'Economie, un certain… Emmanuel Macron. Ce à quoi l'ex-secrétaire d'Etat chargé du Budget s'était fermement opposé. "J'ai dit au Premier ministre, à l'époque, que ce n'est pas moi qui irait à l'Assemblée nationale pour défendre la privatisation de la FDJ", explique-t-il.

"Le risque c'est qu'il y ait des intérêts particuliers qui soient privilégiés par rapport à l'intérêt général", pointe Christian Eckert qui reproche au chef de l'Etat de soutenir des lois de finances "dont les mesures les plus favorables ont été réservées pour la catégorie des possédants".