Prières de rue : Jour J pour Le Pen

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Fabienne Cosnay avec agences, et Antonin André , modifié à
La présidente du FN a réitéré ses propos alors qu'elle devrait perdre son immunité d'eurodéputée.

Le contexte. Alors qu'elle risque de perdre son immunité d'eurodéputée, mardi, la présidente du FN Marine Le Pen a maintenu lundi ses propos sur les prières de rue, tenus en 2010 et qu'elle compare à "une occupation". "Je suis poursuivie pour un délit d’opinion pour avoir osé dire ce que tous les Français pensent, à savoir que les prières de rue sont une occupation", s'est offusquée la patronne du FN sur LCI (…) "J'irai devant le tribunal correctionnel tête haute pour leur expliquer qu'il faut bien qu'il y ait des gens dans notre pays qui disent la vérité aux Français", a soutenu la responsable frontiste.

L'actu à venir. La commission des affaires juridiques du Parlement européen a donné son feu vert, le 19 juin, à la levée de l'immunité parlementaire de Marine Le Pen, députée européenne depuis 2004. Un avis qui devrait être suivi, mardi, par le Parlement européen, réuni en session plénière puisque traditionnellement, le Parlement suit les recommandations de cette commission.

Bientôt mise en examen ? Si Marine Le Pen est privée de son immunité parlementaire, la présidente du FN pourrait être mise en examen pour "incitation à la haine raciale" pour des propos tenus le 10 décembre 2010. En pleine campagne pour la présidence du parti, elle avait dénoncé "les prières de rue" de musulmans en qualifiant ces prières "d'occupation", sans "blindés" ni "soldats", mais d'"occupation tout de même". Suite à une plainte,  une information judiciaire a été ouverte par le parquet pour "incitation à la haine raciale". Un délit passible de cinq ans de prison et 45.000 euros d'amende.

Des précédents au FN. Deux députés européens FN ont, par le passé, été privés de leur immunité parlementaire. Jean-Marie Le Pen en 1989, après ses propos où il avait assimilé les chambres à gaz nazies à "un détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale". Et Bruno Gollnisch, qui s'était vu retirer son immunité de député européen à deux reprises, à chaque fois pour "incitation à la haine raciale".

Quelles conséquences ? Alors que le FN est en phase de notabilisation, présentant des candidats new-look un peu partout, loin des outrances de la génération du père, Marine Le Pen risque avec cette affaire de recevoir à son tour le label "racisme". Et ainsi de retrouver sa place : celle de l’héritière de Jean-Marie Le Pen et de ses dérapages. Alors pour y faire face, la présidente du FN va utiliser le tribunal comme une tribune politique. "On me ramène sur le terrain de l’immigration, un terrain où les Français sont d’accord avec moi", fanfaronne-t-elle. "Je vais faire le bilan des prières de rue, qui continuent", explique-t-elle. Bref, elle va tenter de tirer profit d’un événement dont elle se serait bien passée. Et si elle est condamnée, elle proclamera partout que c’est pour délit d’opinion quand d’autres, à l’UMP ou au PS, ont été condamnés pour détournement de fonds ou encore emplois fictifs.