Polynésie : l'inéligibilité de Gaston Flosse validée en cassation

Gaston Flosse a été le premier président du territoire du Pacifique sud devenu autonome en 1984.
Gaston Flosse a été le premier président du territoire du Pacifique sud devenu autonome en 1984. © AFP
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avec AFP , modifié à
La décision de la Cour de cassation met un coup d'arrêt à la carrière politique de l'ancien homme fort de la Polynésie française. 

La Cour de cassation a validé jeudi l'impossibilité pour Gaston Flosse de s'inscrire sur les listes électorales pour se présenter aux élections territoriales polynésiennes d'avril et mai, mettant un coup d'arrêt à la carrière politique de l'ancien homme fort de la Polynésie française.

À 86 ans, l'ancien président de Polynésie, plusieurs fois condamné, espérait pouvoir conduire de nouveau la liste de son parti aux élections territoriales, dont le premier tour aura lieu le 22 avril. Mais le juge des élections du tribunal de Papeete avait refusé en janvier sa demande de réinscription sur les listes électorales, considérant qu'il restait inéligible jusqu'en juillet 2019. La Cour de cassation a rejeté jeudi son recours contre cette décision.

Condamné en 2014. Gaston Flosse, qui fut le premier président de ce territoire du Pacifique sud devenu autonome en 1984, a présidé la collectivité à de nombreuses reprises. Élu aux dernières territoriales de 2013, il avait perdu le pouvoir en 2014 en raison d'une condamnation à trois ans d'inéligibilité prononcée dans une affaire d'emplois fictifs. En 2016, il avait ensuite été condamné à deux ans d'inéligibilité supplémentaires pour détournement de fonds publics dans une autre affaire, portant cette fois sur des écoutes et filatures.

Inéligibilité. Le tribunal de Papeete avait estimé que ces deux peines distinctes d'inéligibilité prenaient effet l'une après l'autre et qu'il était donc inéligible pendant 5 ans à compter de 2014, soit jusqu'en juillet 2019. La défense de Gaston Flosse soutenait au contraire que ces deux périodes d'inéligibilité pouvaient se chevaucher et qu'il était donc de nouveau éligible à partir de début mars - et ce dans un contexte de calendrier très serré, la date limite de dépôt des candidatures pour les élections étant fixée au 26 mars. Gaston Flosse perd donc tout espoir d'affronter son ancien dauphin, l'actuel président de la Polynésie française Edouard Fritch qui lui avait succédé en 2014, devenu ensuite son principal adversaire.

Un fidèle de Jacques Chirac qui reste populaire. Malgré ses nombreuses condamnations, le "vieux lion" reste populaire en Polynésie française et dirige toujours le parti autonomiste qu'il a fondé, le Tahoeraa Huiraatira. Ses partisans rappellent que la Polynésie était plus prospère entre le début des années 80 et le début des années 2000, une période où il a dominé sans partage la vie politique locale, avant de retrouver le pouvoir à plusieurs reprises et pour de courtes périodes à partir de 2004. Ses adversaires, quant à eux, se souviennent de l'espionnage d'adversaires politiques et de journalistes, ou de son soutien à Jacques Chirac, dont il est proche, lorsque l'ancien président de la République avait repris les essais nucléaires en Polynésie.

Le parti de Gaston Flosse avait annoncé il y a quelques jours qu'une femme le remplacerait en tête de liste en cas d'inéligibilité, sans divulguer de nom. Teura Iriti, l'une des cadres les plus fidèles de son parti, est la candidate la plus probable. Aucune femme n'a jamais présidé la Polynésie française depuis son accession à l'autonomie en 1984.