Politique : vous avez dit parité ?

Françoise de Panafieu, députée UMP, s'inquiète de ne pas voir de femmes aux législatives à Paris.
Françoise de Panafieu, députée UMP, s'inquiète de ne pas voir de femmes aux législatives à Paris. © MAX PPP
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avec Raphaële Shapira , modifié à
ENQUETE - Les partis politiques préfèrent payer des amendes plutôt que de respecter la parité.

La parité en politique a encore du chemin à faire. Le déséquilibre est énorme à l'Assemblée nationale, au Sénat, dans les grandes villes, dans les mairies mais aussi au gouvernement avec seulement 30% de femmes ministres.

Le débat refait surface au moment où jeudi et vendredi, les militants socialistes votent pour choisir leurs candidats aux législatives. Le constat est clair : la loi sur la parité en politique du 6 juin 2010 n'est toujours pas appliquée.

Une lourde facture

Au Parti socialiste, la parité s'améliore. Pour les législatives de 2012, on atteint les 47% de candidates. A l'inverse, l'UMP est très en retard sur la parité. La liste définitive n'est pas encore bouclée mais sur les 118 candidats choisis, il n'y a qu'une quarantaine de femmes.

Du coup, la facture est lourde pour les partis politiques : 500.000 euros pour le PS, 4 millions d'euros pour l'UMP pour non-respect de la parité !

Les cumulards

Les raisons de retard de la parité dans la politique française sont multiples. Les députés sortants en 2007 ne lâchent pas leurs sièges. Près 83% des députés sont des cumulards. Beaucoup en sont à leur quatrième mandat.

Bernard Derosier est un cas symptomatique de ce cumul. Il est député socialiste du Nord depuis 1978, soit huit mandats. En 2012, il laisse sa place à une femme mais c'était un choix personnel. "Si c'était ma première, ma deuxième, voire ma troisième mandature, j'aurais encore été candidat. Je n'aurais pas accepté que l'on réserve la circonscription à une femme. Je ne vois pourquoi il n'y aurait pas des circonscriptions qui seraient aussi réservées à des hommes de temps en temps", précise cet élu socialiste.

Les mentalités

Certains députés réfutent carrément le concept de la parité. Jacques Myard, député UMP des Yvelines, en est un exemple. " C'est au peuple de choisir. Ce n'est pas parce qu'on va dire qu'il faut présenter des femmes qu'elles vont êtres élues. C'est à elles de se battre. Le pouvoir ça ne se quémande pas, ça se prend ! Mesdames, battez-vous et on vous reconnaîtra comme tel", s'emporte le député du courant de la droite populaire.

Françoise de Panafieu est élue UMP à Paris où il y a deux femmes députées. En 2012, elle ne se représentera pas mais elle tire la sonnette d'alarme. "Attention, tous les clignotants sont au rouge. On était déjà deux sur huit députés femmes à Paris. Passer de deux à zéro, c'est une plaisanterie. Ca n'est pas pensable. Quand on parle des femmes, on ne parle pas d'une catégorie, on parle de la moitié de l'humanité", s'exclame-t-elle.

Des circonscriptions "ingagnables"

Les statistiques sur les projections des législatives de 2012 laissent à penser que la parité ne devrait pas s'améliorer. Les femmes au PS ont 38% de chances de gagner quand elles se présentent. Les hommes socialistes ont 67% de chances de l'emporter dans leurs circonscriptions. Autrement-dit, les bureaux politiques des partis attribue des circonscriptions dites "ingagnables".

Sur la carte de France, il y a également des déserts de femmes. Des départements entiers n'ont toujours aucune candidate socialiste, comme les Landes, les Hautes-Pyrénées, la Haute-Loire ou les Alpes de Haute-Provence.

A l'UMP, il n'y a pas de statistiques officielles. Néanmoins, la droite a trouvé une astuce pour faire augmenter son quota de femmes : mettre des suppléantes derrière un homme. A l'UMP, on explique que si le député devient ministre, la suppléante pourra siéger... Ces cas de figures restent très exceptionnels.