"Persépolis" ou la révolution d'une jeune Iranienne

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le Festival de Cannes est arrivé à mi-parcours. Au programme de la compétition mercredi, "De l'autre côté" de l'Allemand Fatih Akin, le film hongrois "The Man from London" de Béla Tarr et un film d'animation franco-iranien très attendu "Persépolis". Avant même la projection de ce dessin animé, les autorités iraniennes ont émis des protestations.

Au départ, "Persépolis" est une bande dessinée largement inspirée du parcours de son auteur, Marjane Satrapi, une jeune Iranienne qui a grandi en France. Puis, l'oeuvre parue en 2000 est devenue un film d'animation adapté par Marjane Satrapi elle-même et Vincent Paronnaud. Les deux réalisateurs ont associé à leur film en noir et blanc les voix de Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni et Danielle Darrieux. L'histoire commence à Téhéran en 1978, la révolution islamique est en marche. Marjane, huit ans, voit changer son pays. La fillette se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah. Avec l'instauration de la République islamique débute le temps des "commissaires de la révolution" qui contrôlent tenues et comportements. Marjane, qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire. Quelques années plus tard, la guerre contre l'Irak entraîne bombardements et privations. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère, notamment à l'égard des femmes. Dans ce contexte de plus en plus pénible, la langue bien pendue de Marjane, âgée de 14 ans, et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents l'envoient donc en Autriche pour la protéger. Elle y découvre la liberté, l'amour et l'exil. "Persépolis" est le seul premier film en compétition. Le film sortira en salles en France le 27 juin prochain. Avant même sa projection, les autorités iraniennes ont protesté contre ce dessin animé critique envers la Révolution islamique. La Fondation Farabi, organisme gouvernemental chargé de la promotion du cinéma iranien, a adressé un courrier à l'ambassade de France à Téhéran dénonçant le "côté irréaliste des conséquences et des résultats de la glorieuse Révolution islamique dans certains de ses aspects". Le ministère des Affaires étrangères a rejeté mardi les accusations iraniennes et a précisé que "la France est très attachée à la liberté d'expression". A mi-parcours de la compétition, deux films semblaient se détacher mardi dans les pronostics. Les frères Coen avec leur film "No Country for Old Men" et "4 mois, 3 semaines et 2 jours" du cinéaste roumain Cristian Mungiu ont séduit tant la presse internationale que la presse française. Dans une moindre mesure, "Zodiac" de David Fincher et "My Blueberry Nights" de Wong Kar Wai bénéficient aussi d'une bonne cote. "Paranoid Park" de Gus Van Sant, ou encore "Le bannissement" du Russe Andreï Zviaguintsev, sont très nettement distancés. Les critiques estiment que la sélection 2007 est dans l'ensemble de bonne qualité. Mais les grands noms du cinéma ont quelque peu déçu au vu des appréciations de la presse, à l'exception des frères Coen.