Perquisitions à La France insoumise : pour la présidente du Syndicat de la magistrature, "crier au complot n’est pas une méthode, mais…"

Jean-Luc Mélenchon et Alexis Corbière à l'Assemblée (1280x640) Éric FEFERBERG / AFP
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Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature, plaide sur Europe 1 pour une réforme constitutionnelle afin d’assurer l’indépendance des magistrats du parquet.
INTERVIEW

Le débat sur l’indépendance de la justice est relancé. La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon ont dénoncé une "opération de police politique" après les perquisitions houleuses menées mardi au siège du parti d’opposition et au domicile de son leader. Katia Dubreuil, la présidente du Syndicat de la magistrature, a condamné sur Europe 1 cette ligne de défense, tout en appelant à mieux assurer l’indépendance des magistrats.

"Crier au complot politique à chaque fois qu’un responsable politique est mis en cause n’est pas une méthode acceptable. Mais lorsque le gouvernement montre qu’il choisit le procureur de Paris, que le Premier ministre dit qu’il doit être en ligne et en phase avec lui, cela pose un problème", a estimé Katia Dubreuil, mercredi au micro de Mathieu Belliard.

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"Toujours un soupçon sur une intervention de l’exécutif". La présidente du Syndicat de la magistrature a réclamé une réforme constitutionnelle afin de garantir l’indépendance des magistrats du parquet, liés hiérarchiquement à la Garde des sceaux."Les nominations des magistrats du parquet sont dans les mains du Garde des Sceaux, et des remontées d’informations sont possibles dans certains dossiers. Cela jette toujours un soupçon sur une intervention de l’exécutif dans le cours de la justice. C’est dramatique car cela nuit à la confiance des citoyens en la justice et permet aux responsables politiques de crier au complot", a estimé Katia Dubreuil.

"On demande une réforme constitutionnelle depuis des années". "On demande une réforme constitutionnelle depuis des années. C’est la condition des équilibres démocratiques. Si les citoyens peuvent se demander à chaque décision s’il n’y a pas eu une intervention dans le cours de la justice, c’est très problématique pour l’État de droit", a poursuivi la présidente du Syndicat de la magistrature.

Les perquisitions menées au siège de La France insoumise et chez Jean-Luc Mélenchon ont donné lieu à des échanges houleux avec les forces de l’ordre. Une enquête a été ouverte sur des violences contre les policiers, alors que le leader du parti d’opposition a dit ne "rien regretter".

Le secrétaire du syndicat Alliance police nationale condamne vivement. "Je n’appellerai plus ça La France insoumise, mais La France intolérable ou La France insultante. Quand on est un élu de la République, c’est inacceptable et injustifiable d’avoir un tel comportement face à des policiers", s’est insurgé Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat Alliance Police Nationale, sur Europe 1. "Nous attendons une réaction judiciaire de notre ministre (Christophe Castaner). Nous allons engager la procédure qui convient contre Jean-Luc Mélenchon ou La France insoumise."