Naufrage du Sokalique : peut-être un procès en France

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Présent mercredi à Plouescat dans le Finistère pour les obsèques du commandant du Sokalique, Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il ferait tout pour que le procès de ce naufrage ait lieu en France. Pour cela, il faut que les Iles Kiribati, où est immatriculé l'Ocean Jasper qui aurait percuté le Sokalique vendredi dernier, acceptent de laisser la France mener la procédure judiciaire. Une démarche complexe qui n'est pas certaine d'aboutir, selon le président de la République.

Selon le droit de la mer, en cas de collision entre deux bateaux, le procès doit avoir lieu dans le pays où le navire en cause est immatriculé. Dans le cas du naufrage du Sokalique vendredi dernier au large d'Ouessant, c'est donc aux Iles Kiribati dont l'Ocean Jasper porte le pavillon que devrait se dérouler un éventuel procès. Une solution judiciaire que refuse notamment la famille de Bernard Jobard, le commandant du Sokalique mort en mer et enterré mercredi. Cette demande de justice a été entendue par Nicolas Sarkozy qui a promis de tout faire pour que le procès ait bien lieu en France. Tout en précisant immédiatement que cette démarche n'était pas certaine d'aboutir. Le président de la République a rencontré mercredi en début d'après-midi les six marins rescapés du Sokalique ainsi que la veuve de son commandant. Il s'est ensuite rendu aux obsèques de Bernard Jobard, accompagné de Michel Barnier, le ministre de la Pêche, et de la navigatrice Maud Fontenoy. Plusieurs centaines de personnes ont assisté à cette cérémonie. "Le bateau qui a percuté le Sokalique, semble-t-il, n'a pas porté secours aux hommes qui étaient à la mer et on a un marin qui est mort. Ma place était donc d'être aux côtés de la famille", a expliqué Nicolas Sarkozy. Dans ce dossier complexe, la mobilisation du président français pourrait n'être pas suffisante. "Je dois agir avec persuasion et faire comprendre qu'il y a beaucoup d'émotion dans notre pays", a expliqué mercredi Nicolas Sarkozy. Il doit de nouveau s'entretenir avec le dirigeant des Iles Kiribati dans le Pacifique pour obtenir le dépaysement total de l'affaire. Des poursuites pour homicide involontaire et délit de fuite et mise en danger d'autrui ne pourront être engagées que si les îles Kiribati donnent leur accord. Or leur pavillon dans le Pacifique est considéré comme une immatriculation de complaisance. En attendant, l'Etat français a obtenu une première concession : le cargo Ocean Jasper, ainsi que son équipage, resteront à Brest pour toute la durée de l'enquête. De leur côté, les gendarmes maritimes ont poursuivi les auditions du commandant et des membres de l'équipage de l'Ocean Jasper, qui semble avoir envoyé le chalutier par le fond en quelques minutes seulement en le percutant en pleine nuit. Les six marins de Roscoff qui composaient l'équipage du chalutier ont pu échapper à la mort sur un radeau de survie. L'Ocean Jasper, vraquier de 90 mètres armé par une société turque, avait initialement poursuivi sa route vers la Turquie, mais a été dérouté sous escorte de la Marine nationale française. Dans leurs interrogatoires, le commandant et le second du navire ont confirmé l'existence d'une "collision avec un navire" au moment du naufrage, sans autres précisions sur les circonstances, a déclaré dimanche le procureur de Morlaix Laurent Fichot. "Il s'agit pour l'instant de dépositions spontanées. Ils seront réinterrogés probablement mardi matin de manière plus approfondie", a dit Laurent Fichot. Les gendarmes ont déjà retrouvé des traces de peinture sur la coque de l'Ocean Jasper et l'incident a été consigné sur son carnet de bord. Par ailleurs et depuis ce mercredi, un décret paru au journal officiel rend obligatoire le port du gilet de sauvetage pour les professionnels des navires de commerce et les pêcheurs. Mais cette obligation est limitée aux situations dangereuses, la nuit ou en cas de conditions météorologiques défavorables. Difficile de dire si un tel gilet de sauvetage aurait pu sauver la vie de Bernard Jobard, le commandant du Sokalique. Mais peu de professionnels semblent désormais s'opposer à cette mesure, le signe d'une véritable prise de conscience.